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Bon anniversaire Artem Dzyuba !

Par Maxime Brigand
Bon anniversaire Artem Dzyuba !

Deux buts en quatre journées de championnat, un triplé glissé au milieu d’un exploit européen délirant et un statut de nouveau héros de la nation assumé : rassurez-vous, Artem Dzyuba va bien, et il fête même ses trente ans ce mercredi.

Il paraît que trente est un nombre angoissant. Trente, comme le numéro atomique du zinc, un métal dont la surface se ternit à l’air. Trente, comme le nombre de morceaux contenus dans le neuvième album des Beatles, l’Album blanc, véritable virage musical dans la carrière du groupe. Trente, comme le nombre de pièces d’argent contre lesquelles Judas a trahi Jésus. Trente, surtout, comme l’âge d’Artem Dzyuba. Comment l’appréhende-t-il ? Bien, visiblement. Une preuve : jeudi dernier, le cœlophysis du Zénith a porté ses potes sur les routes d’un exploit, au milieu du stade Petrovski de Saint-Pétersbourg. Par un mode opératoire simple, rien de révolutionnaire, soit un triplé inscrit lors d’un troisième tour préliminaire retour de Ligue Europa face au Dinamo Minsk : une première volée du droit, une seconde plus écrasée trois minutes plus tard, et un penalty décisif inscrit au bout d’une prolongation folle. Ah, l’exploit ? Battu sèchement à l’aller en Biélorussie (4-0), le Zénith s’est qualifié en détruisant son adversaire d’un tour au retour (8-1 ap), avec notamment quatre buts inscrits lors de la seconde période de la prolongation, tout en étant à dix depuis l’expulsion de Leonardo Paredes (72e). Ce soir-là, le Petrovski était vide, les supporters du club ayant été suspendus par l’UEFA en juin à cause des cris racistes visant Naby Keita lors du huitième de finale retour de la dernière édition face à Leipzig. Pas de problème, ces derniers avaient loué des bateaux pour s’installer sur la rivière Zhdanovka et hurler assez fort pour être entendus à l’intérieur de l’enceinte. Costaud.

Dzyubi, Dzyuba

Vous l’aurez compris, Artem Dzyuba continue de distribuer les gifles et est même revenu le faire au Zénith, qu’il avait quitté quelques mois la saison dernière pour aller prendre du temps de jeu en prêt du côté de l’Arsenal Toula (six buts inscrits en dix matchs de championnat, dont un décisif face au Zénith en avril lors d’une rencontre pour laquelle Dzyuba avait payé pour jouer) et d’où Roberto Mancini, qui lui avait claqué la porte de l’équipe première au nez, s’est tiré pour aller reprendre l’équipe d’Italie. À Saint-Pétersbourg, Dzyuba a retrouvé sur le banc un ancien pote de sélection, Sergueï Semak, mais aussi rapidement la route des filets : après quatre journées de Première Ligue, le héros du dernier Mondial pointe déjà à deux réalisations et le Zénith cavale en tête du championnat avec quatre succès. Le signe d’un retour au premier plan du club, cinquième la saison dernière et dont le dernier titre remonte à 2015 ? Pas impossible, le Zénith proposant ce qui se fait de mieux en terme de foot dans le pays, ce qu’il faut combiner à un CSKA qui a perdu plusieurs gros bras (Golovin, Vitinho, Musa) durant l’été et à un Spartak qui a été touché dans sa confiance par son élimination en Ligue des champions face au PAOK Salonique.

Surtout, et c’est important avec Artem, le voilà dans un cadre qui lui va bien : un entraîneur russe, un groupe où il se sait important et un pays où il se sent regardé. Forcément, la Coupe du monde y est pour beaucoup, lui qui n’avait même pas vu la Coupe des confédérations avec sa sélection un an plus tôt. Puis, Dzyuba s’est expliqué avec Stanislav Cherchesov, a fait comprendre à son sélectionneur qu’il faudrait jouer avec lui pour réussir, et la recette a emmené la Russie jusqu’en quarts de finale de son Mondial. Résultat, Artem Dzyuba a rattrapé les cœurs et a même profité d’une réception au Kremlin pour demander à Vladimir Poutine de remplacer « les patins à glace par des crampons » . Plus encore, le colosse s’est invité dans les oreilles des locaux en devenant la voix du GPS de l’application Yandex, outil de navigation qui a sauvé la mise de plus d’un type perdu dans Moscou lors de l’été. Une manière définitive de remettre les choses à leur place, de plonger sereinement dans la trentaine et de ressortir Yves Duteil des MP3, définitivement.

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