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Tunisie-France : la mauvaise blague des Bleus

Par Maxime Brigand, à Doha
Tunisie-France : la mauvaise blague des Bleus

Alors qu'il a assumé ne pas avoir facilité la vie de ses hommes en alignant un plan B bizarroïde face à la Tunisie, Didier Deschamps a préféré garder en tête l'objectif atteint, mercredi soir. Ce match incohérent aura surtout fait remonter une vérité éternelle à la surface : un match de Coupe du monde ne pardonne jamais l'à-peu-près.

Neuf titulaires en survêt’, Griezmann, Thuram et Mbappé qui se poilent sur le banc, Eduardo Camavinga déguisé en latéral gauche, une animation baroque, un match étrange… Puis des visages déconfits et la sensation d’entendre la petite voix d’Hervé Renard dans notre tête au moment d’écouter les différents acteurs débriefer ce drôle de Tunisie-France que les Tunisiens ont logiquement remporté (1-0), eux qui auraient pu foncer tête baissée dans un mur s’ils n’avaient pas su sortir vainqueurs de cette farce. « Come on guys, this is the World Cup… » Cette compétition ne pardonne rien, ou presque, et, moins d’une heure après la fin de cette rencontre, Ali Abdi, le piston gauche de cette équipe de Tunisie, n’est pas venu contredire cette affirmation : « Malgré la victoire, dans le vestiaire, c’était dur. Il faut être clair : quand tu bats le champion du monde, que tu réussis à prendre un point contre une très belle équipe du Danemark, mais que tu perds le match qu’il ne faut pas perdre contre l’Australie… On doit prendre du recul et travailler sur ce petit manque que l’on a au niveau de l’approche psychologique des matchs face aux équipes « plus faibles » que nous. C’est cruel, mais c’est ça, aussi, le foot. »

  Je sais bien que je ne les mets pas dans les meilleures dispositions en faisant autant de changements…

Soit un sport qui n’offre quasiment aucune marge, d’autant plus en Coupe du monde. La Tunisie, éliminée pour ne pas avoir su prendre un point face à une Australie qui a su en prendre six lors de ses deux matchs post-claque reçue contre l’équipe de France, le sait. Les Bleus en avaient également parfaitement conscience, mais il n’a pas fallu très longtemps, mercredi soir, pour comprendre que les choses n’allaient pas tourner dans le bon sens pour la bande d’un Didier Deschamps qui a assumé pleinement ses choix : « L’objectif, c’était de ménager certains joueurs, d’autres avaient des petits bobos, Jules (Koundé) avait un carton jaune… Il y en a un (Marcus Thuram) qui devait jouer et qui a eu un problème. Je suis bien conscient qu’il y avait moins de repères et que cela nuit à l’expression collective. On a été timides, en retard dans les duels, on a commis des erreurs techniques. Néanmoins, cela permet à ceux qui étaient là de toucher du doigt l’exigence du très haut niveau. On ne peut pas atteindre tous les objectifs. »

« Ça n’a pas été grandiose… »

Il ne faut, évidemment, pas faire tout un fromage de cette défaite face à la Tunisie, mais il est possible de regretter que des jeunes loups aient été envoyés dans la bataille sans possibilité aucune de montrer leur plus beau visage. La raison est simple : il est quasiment impossible d’être cohérent individuellement dans un collectif qui ne l’est pas, et cela est, au passage, plutôt rassurant. « Je sais bien que je ne les mets pas dans les meilleures dispositions en faisant autant de changements, mais on aurait pu mieux faire malgré tout, a reconnu Deschamps après ce qui restera sa première défaite en phase de groupes, Coupes du monde et Championnats d’Europe confondus. Ce n’est pas une question de système : ce sont les duels, les gestes techniques, et quand on attend une seconde pour passer la balle, ça vient vite… » Au-delà des tampons et des ballons à gratter qui ne l’ont pas été, la structure a tout de même été plus que bancale.

On n’est, par exemple, pas sûr qu’installer Matteo Guendouzi dans un rôle aussi différent de celui qu’il occupe à l’OM – « C’est sûr que je n’ai pas touché autant de ballons que je souhaitais, notamment en première période. Ça n’a pas été grandiose… » – est lui rendre service. Même constat pour Eduardo Camavinga, aligné latéral gauche, et qui a lutté pendant 45 premières minutes avant de respirer un peu. D’autres hommes (Fofana, Veretout, Coman) ont aussi tiré la langue, tout comme les deux rescapés du onze vainqueur du Danemark (Aurélien Tchouaméni et surtout Raphaël Varane, dont l’orientation sur le but de Khazri est à ne surtout pas montrer dans une école de défenseurs centraux), et il est difficile de se satisfaire d’une autre copie que de celle rendue par le colosse Ibrahima Konaté (une seule passe ratée dans la soirée, un jeu long impeccable, une défense de surface rassurante, un quasi-sans-faute dans sa gestion des duels).

  C’est vrai que ce soir, ça manquait un peu d’ailiers, que Matteo a joué dans un couloir, que Cama n’a pas joué à son poste… Mais c’est bien, on prend un peu d’expérience. Ça nous permet de connaître les sensations.

Fini de rire

Allez, peut-être de celle de Randal Kolo Muani, très énergique, aligné en pointe à la place d’Olivier Giroud et qui, s’il n’a pas tout réussi, a perdu plusieurs duels au sol et n’a touché qu’une quarantaine de ballons, a sans doute marqué quelques points en tentant d’amener un peu de folie à un ensemble très stérile. Ce qu’il en a pensé : « C’était une bonne expérience. Même si je n’ai pas touché beaucoup de ballons et que c’était un peu compliqué pour tout le monde, j’ai essayé de faire de mon mieux. Bon, c’est vrai que ce soir, ça manquait un peu d’ailiers, que Matteo a joué dans un couloir, que Cama n’a pas joué à son poste… Mais c’est bien, on prend un peu d’expérience. Ça nous permet de connaître les sensations et on a besoin de jouer parce que le coach ne pourra pas lancer quelqu’un en demi-finales comme ça… »

Benjamin Pavard étant toujours marqué par son match face à l’Australie et n’étant « pas dans de bonnes dispositions » selon Deschamps, Axel Disasi a, de son côté, été aligné en latéral droit et a, lui aussi, préféré garder en tête le biscuit d’expérience que le sélectionneur lui a donné à manger. « On était beaucoup à disputer nos premières minutes dans un Mondial, on aurait aimé un tout autre résultat, mais c’est un Mondial, un rêve, et à partir de là, il faut juste mouiller le maillot, peu importe les circonstances », a ainsi soufflé le défenseur de l’AS Monaco dans un couloir de l’Education City Stadium d’Al Rayyan. Voilà donc le tableau : les invisibles de ce début de compétition, placés dans une situation où la plainte est proscrite, ont été envoyés au feu pour tenir un plan B bizarroïde afin de permettre aux pions du plan A de venir dégourdir leurs jambes en fin de rencontre et de potentiellement sauver les meubles. Griezmann n’est pas passé loin de réussir à le faire (certains pensent d’ailleurs encore peut-être qu’il a réussi à le faire), mais on en revient à la justice et à Hervé Renard. Ce match à oublier méritait de finir entre les mains tunisiennes et nulle part ailleurs. Les poules sont terminées, et on a quand même pu se rendre compte avant de filer qu’une graine avait tout de même été bien plantée par Didier Deschamps dans les têtes de ses hommes. Dimanche, «  un autre tournoi » commence. Fini de rire.

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