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Bleues : Aujourd’hui est demain

Par Julien Duez, à Paris
Bleues : Aujourd’hui est demain

Alors que Noël Le Graët a confirmé que Corinne Diacre irait jusqu’au terme de son mandat prévu en 2021, la question de savoir avec qui la sélectionneuse compte préparer l’avenir se pose désormais. Cela se fera-t-il sans les cadres ?

La zone mixte est LE lieu de passage obligatoire, après chaque rencontre. En tout cas, depuis que la FIFA a décrété que cette dernière devrait se trouver sur le chemin des vestiaires. Pour les journalistes sagement agglutinés derrière la barrière, c’est l’occasion de voir défiler les 46 joueuses des deux camps et de faire son marché pour trouver la cliente qui acceptera de répondre aux quelques questions banales qui suivent chaque fin de match. Mais que faire lorsqu’il s’agit d’une France qui vient de voir son rêve de sacre mondial à domicile réduit en miette par les redoutables États-Unis, au cruel stade des quarts de finale ?

Que faire, devant les têtes basses et les larmes qui roulent sur les joues des titulaires et des remplaçantes bleues ? Difficile en tout cas de venir rajouter une dose de souffrance supplémentaire à des filles qui ont déjà assez mal comme cela, en leur demandant par exemple « comment on se sent dans un tel moment » , alors que les visages rougis et les yeux gonflés donnent déjà une réponse plutôt explicite.

Un encadrement à revoir

Et pourtant, il faut s’y coller. C’est comme ça, c’est le jeu. Mais ce jeu-là, elles ne veulent pas toutes y jouer. C’est compréhensible : pas toujours évident de réagir à chaud lorsque l’on vient de se faire sortir de sa Coupe du monde, surtout quand c’est la première. Malgré tout, Marion Torrent et Valérie Gauvin ont pris leur courage à deux mains et y sont allées de leur premier débrief. Pour le reste, ce seront les taulières qui s’y colleront. Le Sommer, Thiney, Henry, Renard… Chacune compte déjà un nombre incalculable de sélections, et de compétitions internationales dans les pattes. Forcément, cela aide pour se confronter à l’exercice. Mais pour combien de temps, encore ?

Corinne Diacre l’a dit en conférence de presse, après le match contre les États-Unis : « Vous savez, je ne suis pas du genre à renoncer. Le président m’a fait confiance sur un bail assez long et, pour ma part, j’ai encore du travail à faire. On a encore des choses à peaufiner. » Effectivement, Noël Le Graët a choisi de lui faire confiance jusqu’au terme de son bail qui expire après le prochain Euro en 2021. À présent se pose donc la question du groupe qui ira disputer cette compétition. Pour le Mondial, la sélectionneuse avait fait le choix d’un groupe rajeuni et encadré par des joueuses d’expérience. L’intention était louable. Le résultat, lui, est discutable.

Place aux jeunes ?

Et l’avenir, nul doute que Corinne Diacre l’a déjà anticipé. Aujourd’hui, sa capitaine Amandine Henry est sur le point de fêter ses trente ans. Sans aller jusqu’à annoncer sa retraite internationale, la Lyonnaise a cependant laissé entendre qu’elle et ses partenaires les plus expérimentées ne sont pas éternelles : « Que je parte après l’Euro ? Pour l’instant, c’est encore trop tôt pour en parler. Mais ce qui est sûr, c’est que je vais avoir trente ans et que je ne revivrai plus de Coupe du monde en France. » Avant de montrer un premier signe de volonté de transmettre le flambeau : « Je vais dire aux jeunes générations que c’est désormais à elles d’aller chercher des trophées, qu’il faut continuer de travailler, que ça va finir par payer un jour. » Optimiste ? Fataliste ? Eugénie Le Sommer, trente ans également, refuse de parler d’une « génération maudite » .

Mais l’attaquante en est convaincue : pour espérer transcender la malédiction des éliminations prématurées, il faut désormais travailler en profondeur pour former un avenir qui dépasse les frontières des richissimes Olympique lyonnais et Paris Saint-Germain : « On a un bon championnat, mais toutes les équipes ne sont malheureusement pas encore professionnelles et on nous dit encore souvent qu’il est à deux vitesses. Maintenant, il faut se donner les moyens de se professionnaliser. C’est la seule façon d’être au haut niveau. » Comment lui donner tort, quand sept joueuses du onze de base de Corinne Diacre sont effectivement issues de l’OL ? La sélectionneuse osera-t-elle le pari du changement, en préparant son prochain grand rendez-vous avec un effectif plus diversifié et – surtout – rajeuni ? Il reste une campagne de qualifications, pour se faire une réponse. Mais une chose est sûre : pour continuer de grandir, l’équipe de France devra oser sortir de sa zone de confort. Et pas seulement en zone mixte.

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Par Julien Duez, à Paris

Propos recueillis par MB, JD et MR.

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