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Bilal Boutobba, un nouveau volcan en Auvergne

Par Maxime Brigand

Lancé dans le grand monde en décembre 2014, Bilal Boutobba s’apprête à retrouver la Ligue 1 avec le maillot du Clermont Foot et un autre statut. Décryptage.

Bilal Boutobba, un nouveau volcan en Auvergne

C’est une étape que Bilal Boutobba n’avait pas inscrite sur le carnet de route de ses rêves : Niort, le Marais poitevin, les Deux-Sèvres, la Ligue 2. Cette idée ne lui avait même « jamais traversé l’esprit ». Puis le foot, ses virages, ses hauts, ses bas, ses gamelles et ses drôles de lois. Et hop, à la mi-août 2020, la dynamite du quartier des Aygalades s’est retrouvée sans le moindre bruit au milieu d’un troupeau de Chamois, dont la gestion venait d’être fraîchement confiée au voyageur Sébastien Desabre. « J’avais déjà vu Bilal jouer un match avec l’OM, à Cannes, contre Livourne, lors de l’été 2015, rembobine le technicien français, qui est depuis devenu dompteur de léopards, au Congo. Je connaissais aussi bien son oncle, Adel, qui a été formé à l’AS Cannes et a joué plusieurs matchs de D1. J’avais suivi son parcours, ses débuts avec l’OM, son départ rapide en Espagne, à Séville, puis sa rupture de progression… Quand je suis arrivé à Niort, le club lui a alors offert un cadre pour travailler en paix et se relancer. Il était à Montpellier, jouait avec la réserve, en N2, et aucun autre club que Niort ne lui a tendu la main. On a vite été clairs avec lui. Je lui ai dit de ne pas se retourner sur son passé et d’uniquement regarder vers l’avant. » Bonne nouvelle pour Desabre : Boutobba, un obsédé de toujours du matraquage des derniers tiers adverses et des tours de magie ballon au pied, a quasiment passé toute sa vie à ne faire que foncer. Problème, il a aussi vu des haies difficiles à franchir se mettre sur sa route, ce qui a bousculé son décollage. Reste qu’au bout de trois saisons pleines à Niort, le voilà enfin prêt à sauter de nouveau dans le grand bain qu’est la Ligue 1. Tout sauf un coup de pot. Mais comment expliquer un tel rebond ?

Générateur de dribbles

Bilal Boutobba est un joueur paradoxal, un type qui est à la fois une vieille histoire (oui, déjà) comme un mec qui a encore tout à écrire. Il ne faut pas oublier qu’on parle ici d’un élément qui a été plongé dans le grand monde il y a maintenant près de neuf ans, lancé en Ligue 1 par Marcelo Bielsa en décembre 2014 sur la pelouse de Monaco, et pour qui tout s’est très, très vite enchaîné. Trop vite ? Peut-être un peu, mais Boutobba, chouchou de toutes les catégories de jeunes de l’OM, a choisi son chemin, choisi de ne pas signer pro avec son club formateur – il expliqua à l’époque dans les colonnes de La Provence : « Si je signe à l’OM, je sais que je me perds. (…) C’est une belle offre, c’est même fabuleux. Ce n’est pas une question d’argent. J’ai besoin d’un projet sportif et il n’y en a pas ! » – et choisi de filer à Séville, où il a ensuite manqué d’un brin de patience. « Là-bas, j’avais tout pour réussir, analysait-il il y a quelques mois dans les colonnes de L’Équipe. J’ai signé un contrat de quatre ans. Certes, j’étais avec la réserve, mais en Espagne, la réserve, c’est comme une Ligue 2. Je n’ai pas voulu écouter le coach, Diego Martinez. Il m’a dit : “Une fois, deux, trois, si tu ne veux plus m’écouter, je te mets sur le banc.” Je faisais comme j’avais envie sur le terrain et je n’avais pas compris qu’il voulait me faire progresser. Ça, c’était la première année. Et la deuxième, je ne voulais plus retourner là-bas, j’ai fait n’importe quoi. J’étais jeune… »

Le champion d’Europe U17 2015 va aujourd’hui sur ses 25 ans et n’est plus le même joueur, ni le même homme. À La Nouvelle République, il a un jour dit : « Après des échecs à Séville, puis à Montpellier, si je ne réussissais pas à Niort, c’était fini. » Accroché sur l’aile droite par Sébastien Desabre, puis par ses successeurs (Rui Almeida, Bernard Simondi), Bilal Boutobba a plutôt rallumé la lumière et affiné son style, gagnant en imprévisibilité, en malice, en agilité et surtout en efficacité. Cette saison, entre les lignes d’un Niort en pleine chute libre, il a même été absolument partout, mettant la table, faisant la cuisine et la vaisselle, puis s’occupant du ménage au sein d’une équipe qui s’est très souvent reposée sur les éclairs de sa machine à inventer. Une machine qui, comme beaucoup de joueurs de son profil, aime vivre avec le dos collé à la ligne de touche ainsi que dans les couloirs intérieurs, dans la zone de poche située entre le latéral, le milieu axial et le central adverse. Là, Boutobba, qui a été l’un des plus gros générateurs de dribbles de la saison 2022-2023 de Ligue 2 avec Sanyang, Bakwa, Phaëton, Mikautadze et Bangré, vient souvent se positionner de trois quarts, attirer la pression et accélérer le jeu en se faufilant à l’aide de son premier contrôle, de son crochet court et de son petit format.

Preuve de la force de son premier contrôle ici, face à QRM : trouvé presque dos au jeu, Boutobba va attendre l’impact de Diedhiou dans son dos…

… s’enrouler autour de lui…

… et accélérer le jeu, avant de rater son ouverture en profondeur.

Autre situation de jeu, face à Bordeaux, où Boutobba est cette fois trouvé dos à la ligne de touche par Kaboré…

… va conduire le ballon en le gardant toujours très proche de sa semelle…

… éliminer Fransergio d’un crochet court…

… et pouvoir déclencher encore dans la profondeur, l’une de ses spécialités.

Dans les zones de Khaoui

Le football de Boutobba est un foot d’inventions, d’intuition et de changements de rythme, et c’est ce qui le rend naturellement précieux. Sébastien Desabre complète : « De par son profil, c’est un joueur qui attire les ballons, mais c’est aussi quelqu’un qui a logiquement besoin de s’associer. Pour qu’il puisse donner sa pleine mesure, il doit notamment avoir un joueur de côté assez offensif, qui n’hésite pas à plonger dans les espaces ouverts. À Niort, il a eu Joris Moutachy pour ça, qui a souvent profité des ouvertures de Bilal. » Meneur de côté porté par un coffre de « marathonien » lui permettant d’empiler les efforts, l’ancien joueur de l’OM a surtout franchi un cap en Ligue 2 sur deux points. Un : le développement de son pied droit, qu’il réussit de plus en plus à utiliser pour embrouiller ses vis-à-vis par le dribble ou pour déclencher un centre rapide. Deux : la finition. Bilal Boutobba, également très à l’aise sur les coups de pied arrêtés, a fini l’exercice avec onze buts marqués – dont quatre penaltys – pour 12,32xG générés, mais a surtout beaucoup plus tenté sa chance et a progressé dans les zones ciblées sans ballon (il vient davantage couper de centres en retrait qu’il ne le faisait avant d’arriver à Niort, notamment).

Ce qui nous amène à la question centrale : pourquoi le Clermont Foot a-t-il été le chercher lui et comment pourrait-il s’intégrer au projet de jeu de Pascal Gastien ? Tout d’abord, il est bon de savoir que le dossier a été géré par Gastien, ancien coach de Niort, himself. Ensuite, que la piste a été travaillée de longue date, et ce, car le board clermontois était dans la nécessité d’anticiper le potentiel départ de Saîf-Eddine Khaoui, en fin de contrat. Utilisé en ailier intérieur, en meneur ou en relayeur, le Tunisien a été performant tout au long de la saison, marquant ses buts (7), servant souvent d’interrupteur et ambiançant les circuits offensifs de son clan pour accéder aux surfaces adverses.

Exemple face à Montpellier des zones où a évolué Khaoui cette saison et où Boutobba devrait être posé la saison prochaine.

C’est notamment de là que le Tunisien a démarré cette course à Ajaccio, éliminant un premier adversaire…

… avant de conduire le ballon aux abords de la surface de l’ACA…

… et d’offrir le 1-3 à Jodel Dossou.

Moins polyvalent et pour le moment moins impactant sur le plan défensif que Khaoui, Boutobba, qui a été contraint d’adapter son jeu au gré des organisations défensives ciblées de certains adversaires, devrait lui aussi être utilisé dans ce rôle de soutien de Kyei et devrait parfaitement s’associer avec Jim Allevinah, reconverti piston droit. Ce sera, dans tous les cas, l’une des curiosités de la saison de Ligue 1 qui se profile alors que Desabre assure : « Il ressort de Niort plus fort et il a grandi dans plusieurs domaines. Il a une palette plus large, il a plus de stats, il est plus armé tactiquement… Humainement, il a aussi parfaitement géré la naissance de sa fille, ce qui n’est pas toujours facile pour les jeunes joueurs. Maintenant, c’est devant lui, mais je ne pense pas qu’il va s’arrêter là. » Le pari est pris.

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