S’abonner au mag
  • Justice

Benzema, autant en emporte le van

Par Nicolas Kssis-Martov
Benzema, autant en emporte le van

Karim Benzema refait l'actualité en France. Malheureusement pas pour un éventuel retour en Bleu ou dans un club de Ligue 1. Non, l'attaquant madrilène se retrouve impliqué, du moins cité indirectement, dans une obscure tentative d'enlèvement dans le 13e arrondissement de Paris. Si une enquête est en cours et les faits précis restent à déterminer, une fois de plus l'enfant de Bron continue d'alimenter les fantasmes et les méandres du foot français. Cela commencerait presque à en être lassant.

Ce sont nos confrères de Mediapart qui ont révélé l’histoire. Depuis le 8 octobre, Léo D’Souza, un de ces hommes à tout faire qui gravitent dans l’entourage des footballeurs et singulièrement de Karim Benzema (il organiserait ses vacances et aurait été parfois jusqu’à négocier en son nom un hypothétique transfert vers l’AC Milan, voire à Paris), a porté plainte contre deux proches de ce dernier, Smaïne Tabennehas et son chauffeur parisien, pour « tentative d’arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire, violence n’ayant entraîné aucune incapacité de travail » . Si le déroulement des événements, ainsi que les violences, ont donné lieu à des versions divergentes, voire contradictoires, de la part des deux parties, tous reconnaissent s’être effectivement croisés devant un bar à chicha sur les bords de la Seine.

Autre certitude, Karim Benzema, lui, en revanche, n’était pas présent sur place ce soir du 7 octobre, peu avant minuit, même s’il était de passage dans la capitale pour assister à PSG-OL. Les enquêteurs du 3e district de la police judiciaire de Paris, diligentés par le Parquet qui a ouvert une enquête préliminaire, l’ont établi clairement. C’est déjà un des points forts de la défense de l’attaquant du Real qui l’a immédiatement marbré dans un tweet : « Un proche de Benzema touche le bras de De Souza, c’est un enlèvement » « De Souza est roué de coups, il n’a aucun jour d’ITT » « De Souza dit que Benzema était dans le van, thèse écartée par les enquêteurs » « Ce monde est-il sérieux ? » Me Sylvain Cormier, son avocat, a pour sa part expédié le sujet d’un lapidaire « La plainte de Monsieur D’Souza est une tentative aussi mensongère que maladroite de couvrir ses turpitudes. » Avant de carrément contre-attaquer : « J’ai découvert que ce n’était pas mon client qui était visé, mais une connaissance qu’il a en commun avec Monsieur D’Souza. Monsieur D’Souza masque maladroitement une petite carambouille, pour déposer plainte et nuire à Monsieur Benzema. Ils n’ont pas travaillé ensemble.(…)J’ai parlé à mon client, il est absolument énervé du fait que l’on veuille lui nuire avec cette plainte abusive. Karim n’a rien à voir avec cette affaire. Quand il avait eu ce problème avec Monsieur D’Souza, on en avait parlé. Ce fantasme selon lequel il y aurait eu tentative d’enlèvement, c’est grotesque. » Le personnage est certes loin d’être transparent, il aurait peut-être fallu s’en rendre compte plus tôt.

Nature et gravité différentes

Le point de départ et le motif de cette affaire tourneraient autour d’une somme de 50 000 euros que Léo D’Souza aurait dû ramener du Maroc, à la suite d’un contrat de sponsoring, à Karim Benzema. Or, cet argent lui aurait été confisqué par la douane du royaume chérifien. Certains dans l’entourage du joueur penseraient depuis que leur « ami » l’aurait de fait gardé pour lui après l’avoir récupéré, au lieu de le restituer comme convenu. Ce fameux soir devait donc se dérouler un rendez-vous FaceTime entre les protagonistes pour régler le contentieux. C’est ensuite que les choses se sont envenimées.

Voila pour ce que l’on sait, ou peut savoir. Le reste va sûrement nourrir la rubrique faits divers du football pour les semaines voire les mois qui nous attendent. Une perspective qui ne comble pas franchement de bonheur de Karim Benzema, dont le calendrier était déjà bien rempli niveau tribunal. Il doit ainsi retourner devant la justice le 8 novembre concernant la validité de l’enquête sur la tentative de chantage à la sextape à l’encontre de Mathieu Valbuena. Ce rebondissement ne favorise donc pas franchement un climat propice à l’annulation tant espérée des poursuites, même si, normalement, les deux cas sont disjoints. Elles sont d’ailleurs de nature et de gravité très différentes. Si la première a évidemment coulé sa carrière en Bleu et, on le sait maintenant, l’a très certainement privé d’un titre de champion du monde, l’actuelle mésaventure est porteuse de risques potentiellement plus grands, tant sur le plan personnel que professionnel. D’abord parce que cette fois-ci, la cause du conflit est admise par tout le monde. Ensuite, sans être physiquement sur les lieux, Karim Benzema en est bel et bien l’épicentre, pas un simple entremetteur de bonne foi. Enfin, si des intentions délictieuses – kidnapping etc. – étaient avérées, les effets pourraient pour le coup remonter jusqu’à son club.

Gentil Kyky, méchant Karim

Bien sûr, le monde du football baigne en ce moment dans un contexte pour le moins chargé sur le terrain judiciaire (Belgique, PSG-Étoile rouge, etc.), et il est fort probable que nous n’en soyons qu’au début. Police et justice vont être conduites de plus en plus fréquemment à s’intéresser au ballon rond dont les enjeux économiques suscitent inévitablement l’affection intéressée du crime organisé. Toutefois, il ne faut pas se méprendre malgré la concordance des temps. Karim Benzema relève presque d’un anachronisme. Ses démêlés judiciaires continuent surtout de nous raconter une autre histoire.

Il incarne, à lui seul, jusqu’à la façon dont il provoque un soutien inconditionnel sur les réseaux sociaux, une perception quasi sociologique d’une frange de la population française, de sa jeunesse, qu’il représente, parfois malgré lui. Rien – ou si peu – ne lui a été pardonné pour cela. Il porte les stigmates de la façon dont les codes sociaux se télescopent. Et au moment où l’Hexagone se pâme devant un gentil et sage Kylian Mbappé redonnant le sourire à la banlieue, le retour de l’enfant terrible des années 2010 renvoie à la période, pas si lointaine, avant le 15 juillet 2018, où le foot servait aussi à se méfier, pour rester poli, de ces « trublions impolis issus des quartiers populaires » , dont les mœurs et habitudes choquaient tant. Faire vivre sa famille en l’employant quand on est footballeur demeure toujours moins bien vu que de la recruter quand on est au CAC 40 – où, pour récupérer ses dividendes, on préfère frauder le fisc que de louer un van – ou à l’Assemblée nationale. Cela n’exonère pas de sa responsabilité individuelle ni n’autorise à enfreindre la loi. Cela éclairera juste tout ce qui va être écrit, dit et sous-entendu dans les jours à venir.

Dans cet article :
Dans cet article :

Par Nicolas Kssis-Martov

Articles en tendances

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

20
Revivez France-Belgique (2-0)
Revivez France-Belgique (2-0)

Revivez France-Belgique (2-0)

Revivez France-Belgique (2-0)

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine

Real Madrid

Karim Benzema

20
Revivez Real Madrid-Atalanta Bergame (2-0)
Revivez Real Madrid-Atalanta Bergame (2-0)

Revivez Real Madrid-Atalanta Bergame (2-0)

Revivez Real Madrid-Atalanta Bergame (2-0)

France