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Bamba, jeune attente
En début de saison, Jonathan Bamba et l'attaque lilloise ébouriffaient tous leurs concurrents. Puis, les temps de passage de l'ancien Stéphanois ont été moins spectaculaires, mettant à jour sa marge de progression. Car si Bamba va vite, il faut aussi savoir être patient avec lui.
On aurait pu titrer le Bamba triste, mais le titre était déjà pris. À l’époque – octobre 2017 –, il s’agissait d’évoquer la mise à l’écart de l’ailier stéphanois pendant une dizaine de jours, le temps de régler une affaire contractuelle. Ou, c’est selon, le temps pour les Verts de réaliser qu’ils avaient cruellement besoin de leur attaquant aux quatre buts inscrits en sept journées. Puis, le club et le clan du joueur se sont rapprochés, à défaut de s’entendre, et le principal intéressé a pu recommencer à faire son job : jouer au football et être décisif. S’est-il acheté une humilité, comme le réclamaient les supporters ? La tendance indiquerait plutôt la direction d’un joueur naturellement sobre, attaché au terrain avant tout. Peu bavard, comme ses compères de la bip-bip lilloise, et sûrement pas avare d’efforts. Le fameux « rêve de tout entraîneur » , en somme. Ou presque. Parce qu’à 22 ans, Jonathan Bamba aperçoit en ce moment la prochaine étape de sa progression : celle de la sacro-sainte constance dans la performance.
Décollage
Sera-t-il seulement titulaire pour son retour dans le Chaudron ? Hier impensable, quand l’oiseau avalait les buts telle une oie devant un bol de petits pois, la question se pose aujourd’hui. C’est simple, la comparaison est vertigineuse : de sept buts en neuf journées, les premières, Bamba est passé à deux réalisations sur les 18 suivantes. À regarder les données brutes, cela rappelle étrangement sa dernière saison à Sainté : quatre pions en sept matchs pour commencer, puis trois à compter de la 11e journée et son retour de mise à l’écart. Bamba, joueur précoce ?
Ce serait aller un peu vite en besogne. Car là où Bamba a su faire évoluer son jeu en Vert, passant d’une à six passes décisives sur les périodes considérées pour terminer meilleur passeur de son club, Bamba le Lillois apparaît tout simplement fatigué. Moins percutant, moins virevoltant, moins déséquilibrant. Alors, Galtier, qui connaît son joueur pour l’avoir lancé en pro, le ménage. Pour en tirer le meilleur, « on se devait de le faire récupérer, pour qu’il puisse retrouver ses jambes qui sont indispensables à son jeu » expliquait Galette début février à La Voix du Nord. Dans le collimateur, deux passages sur le banc à Montpellier et contre Reims début décembre, après deux mois sans marquer. Quant à l’objectif, il était évidemment de retrouver le joueur capable d’actions de classe, entre impact, vitesse et adresse. Ainsi son premier but professionnel, à Nantes en 2015, avec Galtier sur le banc.
Mise en orbite
Sauf qu’aujourd’hui, le soleil tarde à revenir dans le jeu du Français. Et que derrière, Luiz Araujo pointe son nez. Alors, contre Dijon, Bamba a cédé sa place de titulaire une troisième fois cette saison. Pas encore de quoi renverser durablement la hiérarchie dans l’attaque lilloise, le petit Brésilien restant brouillon malgré toute son implication. Mais suffisant pour comprendre que l’ailier doit encore progresser dans la gestion de son physique sur la durée. Les cinq sélections en Espoirs cette saison (sur 17 au total) n’expliquent pas tout : Bamba n’a aussi joué que trois matchs de coupe, pour un total raisonnable de 30 titularisations et cinq entrées en jeu toutes compétitions confondues. Non, ce qu’il faut, c’est écouter Romain Revelli, ancien adjoint de Galtier du côté de l’Étrat : « Il faut être patient, car le joueur s’affirme parfois à 21 ou 23 ans. » Or, 21 ans, c’est l’âge de la première année complète de Bamba, six mois à Angers, six mois à Sainté. Et 23, c’est le nombre de bougies que le natif d’Alfortville soufflera dans une quinzaine de jours.
Alors, paré pour le largage d’un nouvel étage de la fusée Bamba ? D’ici son anniversaire, l’ailier devrait être sur les feuilles de deux matchs importants de la saison lilloise, à Saint-Étienne et contre Monaco, alors que Lyon est toujours à cinq points. À un moment où le LOSC ralentit la cadence (deux buts inscrits, dont un CSC dijonnais, sur les trois derniers matchs, Pépé non décisif depuis quatre sorties), Jonathan Bamba se doit de revêtir le costume de clutch player qui lui seyait parfaitement en début de saison. Ça commence par un retour dans un Geoffroy-Guichard qu’il connaît bien. Et ça tombe plutôt pas mal : avec quatre buts et deux passes décisives lors des trois dernières rencontres entre Dogues et Verts, équitablement répartis entre les deux équipes, Jonathan Bamba adore ces matchs-là.
Par Eric Carpentier