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Axel Witsel, un talent gâché en Russie ?
Il y a trois ans et demi, Axel Witsel quittait le Benfica Lisbonne pour le Zénith St-Pétersbourg contre un chèque de 40 millions d'euros. Un transfert surprise en regard du pedigree des clubs intéressés, mais aussi des capacités de l'international belge.
Le 3 septembre 2012, le Zénith St-Pétersbourg fait sensation en fin de mercato avec les recrutements du Brésilien Hulk (Porto) et du Belge Axel Witsel (Benfica). Pour le milieu de terrain touffu, les Russes claquent 40 millions d’euros, quatre fois plus que la somme déboursée un an plus tôt par le club lisboète pour le récupérer au Standard Liège. Au Portugal, le joueur a rapidement pris ses marques, réalisé une saison pleine et vécu un parcours européen solide. À tel point qu’au moment du mercato, on imagine les Aigles le retenir, sauf offre d’un des meilleurs clubs du continent, à l’image d’un Milan AC très chaud sur le dossier. L’arrivée de Witsel en Russie lui colle donc automatiquement une étiquette de mercenaire qui a privilégié l’aspect financier au sportif.
Une opinion que Christophe Dessy, directeur du centre de formation du Standard Liège, tend à contredire : « Le public a pu être surpris qu’il choisisse la Russie alors qu’on parlait de lui dans des championnats du top 5 européen, mais le championnat russe est sous-évalué, c’est une compétition de qualité » , assure-t-il.
Surtout que pour le formateur, il faut considérer la progression du joueur sur la période 2010-2012 pour bien évaluer ses choix. « Quand il nous a quittés, il est parti au Benfica, ce qui était clairement une progression sportive et financière. Après, le Zénith, par rapport à Benfica, la différence n’est sûrement pas énorme, mais cela reste un club qui joue le haut du tableau dans son pays et dispute régulièrement la Ligue des champions. » Ce que lui promettait tout autant son club portugais.
Un transfert signé de Lucien D’Onofrio ?
Quant à savoir à qui a profité son transfert, une source préférant rester anonyme croit avoir la réponse : « Son véritable agent, ce n’est pas son père, c’est Luciano D’Onofrio, qui a ses entrées un peu partout dans le foot européen. Et avec lui, les transferts sont toujours très chers. »
Il est clair que la plus-value financière des Aigles est énorme – 30 millions d’euros -, surtout si on la compare à la progression sportive insignifiante proposée au joueur. Mais Christophe Dessy souligne que Witsel « est resté titulaire indiscutable en sélection belge, ce qui veut dire beaucoup. » Tout en disputant la Ligue des champions chaque saison, même si le Zénith n’a jamais passé les huitièmes de finale en sa compagnie, le meilleur parcours du Belge restant donc son quart de finale avec Benfica en 2012.
Pour Dessy, cette constance est l’une des plus belles réussites du joueur « qui a toujours été titulaire depuis le début de sa carrière, il n’y a aucun trou dans son parcours, c’est impressionnant. Il savait par exemple qu’il valait mieux être titulaire au Zénith que remplaçant dans un plus grand club » Mais contrairement à ses compères de sélection qui sont titulaires dans les plus grands championnats européens, l’ancien Rouche du Standard subit une petite mort médiatique à cause de son exil en Russie. Ce qui, à 27 ans, place l’intéressé face à un moment charnière, comme en convient le directeur de la formation liégeoise : « Les meilleures années de sa carrière sont devant lui, c’est peut-être le bon moment pour rejoindre une équipe en mesure d’aller loin en C1, car d’ici trois ans, ce sera sûrement trop tard. » Cela tombe bien, le Diable rouge aurait décidé de ne pas prolonger un contrat qui se termine en 2017, et pourrait donc prochainement relever un nouveau challenge.
Bientôt le grand saut ?
Cette situation contractuelle pourrait débloquer le joueur, considéré comme trop cher par ses prestigieux prétendants. Cet été, un dirigeant du Zénith avait indiqué que le club ne négocierait qu’aux alentours de 100 millions d’euros.
Ce qui revenait à déclarer le Belge intransférable. Après le Real Madrid, le Milan AC ou même le PSG, difficile aujourd’hui d’imaginer où pourrait atterrir le joueur, car comme le rappelle Dessy, « il faut qu’il vise plus haut. Mais des clubs plus intéressants que le Zénith, sportivement, et qui ont besoin de lui, il n’y en a pas tant que cela. Les gros clubs comme Chelsea, Arsenal ont tous un, voire deux joueurs dans ce registre. Dans un cas comme le sien, la solution la plus sage sera peut-être de prolonger quand même. » Dans une interview qu’il nous avait accordée en début de saison, Axel Witsel avait évoqué son envie de franchir un palier, de « pouvoir terminer (s)a carrière dans un top club » . Il y serait sûrement déjà s’il était resté au Benfica à l’été 2012.
Par Nicolas Jucha