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Avant de défier l’Australie, l’équipe de France ne veut parler que de foot

Par Maxime Brigand, à Doha
Avant de défier l’Australie, l’équipe de France ne veut parler que de foot

Alors qu’elle s’apprête à sauter du haut du plongeoir, ce mardi soir, face à une Australie qui l’avait poussée à se retaper en 2018 avant une aventure étoilée, l’équipe de France a passé, par la voix de ses différents acteurs, ses premiers jours dohanais à souffler sur les débats. La volonté est nette : laisser le terrain parler.

Et tout à coup, Adrien Rabiot a sorti une aiguille de sa poche afin d’habilement éclater le ballon de baudruche imaginaire qui lui était tendu. La scène s’est jouée vendredi, dans une salle multisports de Doha transformée pendant quelques semaines en salle de presse, où le milieu de la Juventus était questionné sur l’évolution de son image publique au fil des secousses et des retours, quatre ans après avoir refusé d’intégrer une liste de suppléants avant le Mondial 2018 et avoir exprimé dans une lettre ouverte publiée à l’époque son dégoût d’être « caricaturé comme un jeune joueur immature et incapable de mesurer la portée de ses actes ». Celui qui a depuis retrouvé l’équipe de France et même disputé un Euro avec elle s’est alors lancé et a dit : « Mon image changera certainement si la compétition se déroule bien. Après, je me sens bien comme ça. Si mon image est un peu floue, c’est aussi parce que je le désire. Je ne m’étale pas tellement. On sait que tout dépendra de la compétition, que si ça passe bien, tout le monde a une belle image, est fort… » Sur le moment, Rabiot, qui est au Qatar le milieu au CV le plus solide de toute la bande de milieux appelés par Didier Deschamps, a rappelé qu’il est possible de tout faire dire au football. Une victoire et les héros sont des rois, une défaite et tous les aventuriers battus sont des incapables, leur sélectionneur étant dans le même temps envoyé au fond d’un mixeur.

 L’une des leçons que je retiens du dernier Euro, c’est qu’il faut rester unis et faire en sorte qu’il n’y ait pas la moindre chose autour qui vienne parasiter le groupe.

Alors, depuis qu’ils sont arrivés à Doha, les membres du navire bleu se relaient pour imiter Adrien Rabiot et prendre la main des suiveurs pour les ramener là où ils veulent être jugés : sur le gazon, et nulle part ailleurs. Naturellement, la bulle chère au sportif de haut niveau est revenue flotter dans les discussions. Le premier à l’avoir convoqué est aussi l’ancien joueur du PSG – « L’une des leçons que je retiens du dernier Euro, c’est qu’il faut rester unis et faire en sorte qu’il n’y ait pas la moindre chose autour qui vienne parasiter le groupe » – et le second est un soldat de la campagne de Russie, Lucas Hernandez : « Je m’éloigne de tout ce qui entoure l’attente autour de nous. Je me concentre sur moi-même et je pense que mes coéquipiers font pareil. » Tous, sauf un : Youssouf Fofana, bizuth en grande compétition, qui est venu distribuer les bons points samedi. « Je dis à mon entourage de ne pas lire les différents articles, mais moi, je les lis pour passer le temps, a ainsi souri le joueur de l’AS Monaco. Ça me passe au-dessus. Parfois, ça me plaît, parfois non, mais tant que vous n’êtes pas les sélectionneurs, ça va… » Ça va : les mouches volent, la caravane passe.

« Ah, c’est sûr, on était les plus beaux… »

C’est du moins ce qu’évidemment chaque international français raconte à la moindre prise de parole depuis un peu moins d’une semaine, Hugo Lloris venant même annoncer lundi, à la veille de défier l’Australie, avoir trouvé ce qu’il cherchait quelques jours plus tôt à Clairefontaine : « Certains sont plus expérimentés que d’autres, il y a pas mal de jeunes, mais oui, il y a une énergie positive au sein de l’équipe. Maintenant, quand on démarre, et ça a été le cas aussi en 2018, il y a une part d’inconnu. On peut avoir toutes les convictions qu’on veut, il y a une part d’inconnu. C’est à nous d’aller chercher le succès. » Un écho aux mots de Didier Deschamps qui, dès le soir de l’annonce de sa liste, y était allé de son « ah, c’est sûr, en 2021, on était les plus beaux, les plus forts et on n’avait même pas besoin d’entrer sur le terrain pour gagner les matchs… » Avantage : ce mardi matin, les Bleus, tenants du titre, ce qui revient déjà à avancer en permanence avec un colt pointé sur la tempe, ne sont pas les plus beaux et sont peut-être même les plus amochés des favoris. Plus de dix-huit mois après l’Euro, l’équipe de France va, on le sait, sauter du plongeoir sans repère, sans plusieurs ampoules majeures (Kimpembe, Pogba, Kanté, Benzema, Nkunku), mais avec Raphaël Varane, qui semble avoir gagné son contre-la-montre médical, même s’il faut toujours regarder avec prudence un joueur qui se pointe à un match de Coupe du monde sans avoir croqué dans la moindre minute de match depuis pile un mois.

La bulle ou les pointes

Alors, comment prendre ce match face à une Australie qui, en 2018, avait placé l’équipe de France face à ses manques et avait poussé Didier Deschamps à changer de menu dès le début de son aventure russe ? « Ce qui est sûr, c’est que, même s’il y avait eu la victoire, on n’a pas envie de connaître la même sensation, a glissé Lloris, lundi. Dans la performance, c’était insuffisant. Cette fois, on veut démarrer avec un contenu et une performance de bon niveau. » Sans Karim Benzema, Deschamps, qui jure depuis des semaines avoir son plan de départ pour ce Mondial bien imprimé au fond du crâne et a le luxe d’avoir dans son groupe des paires (Konaté-Upamecano, Tchouaméni-Fofana, Giroud-Griezmann) qui se connaissent sur le bout des doigts, doit tout de même trancher sur un ou deux points. Prendra-t-il, par exemple, le risque de titulariser d’entrée Varane, qui a, selon plusieurs sources, de « bonnes sensations » depuis plusieurs jours, au risque de le perdre pour toute la compétition ? Et qui accompagnera Olivier Giroud, Kylian Mbappé et Antoine Griezmann à l’avant du 4-2-3-1 attendu pour mettre un tempo indispensable afin de remuer le compact 4-4-2 australien ?

Pour débuter, ce devrait être Ousmane Dembélé, sur qui les louanges ont plu tout au long des derniers jours et dont la fréquence d’appels en profondeur devra être élevée pour ouvrir des espaces de combinaison à l’intérieur du jeu au milieu français, mais c’est surtout l’animation sans ballon des Bleus qui devra être à surveiller de près, quatre ans après avoir regardé l’Australie avec passivité, laissant N’Golo Kanté se débattre pour boucher des espaces ouverts à tous les vents dans un 4-3-3 bancal. Curiosité : c’est vraisemblablement de nouveau un 4-3-3, avec Griezmann se repliant pour soutenir Tchouaméni et Rabiot, que l’équipe de France a bossé pour les phases sans ballon depuis quelques jours. Il sera ainsi intéressant de suivre si les leçons de 2018 ont été tirées face à des Socceroos qui, eux, se déploient généralement dans un 2-3-4-1 en phase de construction. Tout ça est une affaire qui va se régler sur le gazon, entre quatre poteaux plantés à chaque point de corner, dans la bulle que les Bleus veulent depuis le jour 1, loin des pépins, des déclarations boiteuses d’Hugo Lloris sur le port du brassard arc-en-ciel, des affaires ou des débats à venir sur une FFF qui a décidé de ne pas financer les voyages des familles des joueurs jusqu’à un rassemblement prévu avant un éventuel quart de finale. L’histoire de l’aiguille et du ballon qui éclate en même temps que les doutes s’évaporent ou celle des arcs bandés prêts à tirer des pointes : on connaît la règle. Place au grand saut.

Nathaniel Atkinson, premier diable de Tasmanie
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Par Maxime Brigand, à Doha

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