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La grille de départ de la Copa América

Par Julien Faure

Alors que l’Euro bat son plein et accapare l’attention du monde du foot, la Copa América va quelque peu tirer la couverture à elle à partir de cette nuit, et ce, jusqu’au 15 juillet. Sur le sol étasunien, la course à la succession de l’Argentine est lancée.

La grille de départ de la Copa América

L’Argentine remet son titre en jeu. Trois ans après une victoire historique au Brésil, l’Albiceleste débarque aux États-Unis avec la ferme intention de conserver son bien, alors que son grand rival brésilien ne semble pas au meilleur de sa forme. Pour autant, tout ne sera pas si simple, avec notamment les progrès de l’Uruguay sous Marcelo Bielsa, une Colombie qui se renouvelle et des « petits » qui veulent renverser l’ordre établi. Après un sacré bordel lors du tirage au sort des poules, la particularité de cette édition réside dans le fait que les deux parties de tableau (A et B, C et D) ne pourront pas s’affronter avant la finale, alors que dans le même temps, il y aura un nouveau carton (rose) testé. Coup d’envoi dans la nuit de jeudi à vendredi (2h) à Atlanta avec Argentine-Canada, avant une finale le 15 juillet (2h) au Hard Rock Stadium de Miami.


  Argentine : stop ou encore ?

Alors que le pays est toujours secoué par la crise et que la population exprime déjà son ras-le-bol vis-à-vis de son nouveau président Javier Milei, l’Argentine s’avance paradoxalement dans la compétition pleine de sérénité. Depuis son sacre continental en 2021, qui a mis fin à 28 ans de disette pour l’Albiceleste, elle a aussi ajouté une troisième étoile mondiale à son palmarès. De quoi renforcer la confiance d’un groupe uni derrière son leader, Lionel Messi, et son entraîneur, Lionel Scaloni. Depuis ce succès, la Scaloneta n’a d’ailleurs perdu que deux des 37 matchs qu’elle a disputés dans l’intervalle, contre l’Arabie saoudite au Mondial et contre l’Uruguay en novembre à domicile. Le groupe n’a changé qu’à la marge et c’est une grande ossature des groupes de 2021 et 2022 qui est encore de la partie aux États-Unis, tant pis pour Leandro Balerdi.

Pour la dernière compétition d’Ángel Di María sous le maillot floqué AFA, les Argentins font figure de favoris et sortent d’une préparation réussie à défaut d’être flamboyante (1-0 contre l’Équateur, 4-1 contre le Guatemala). Alors que la finale se déroulera à Miami où il évolue désormais, Lionel Messi a l’occasion de devenir le meilleur buteur de l’histoire de la compétition. Pour cela, il faudra marquer quatre fois, pour revenir à hauteur de son compatriote Norberto Méndez (17 buts). Avec le Pérou, le Chili et le Canada dans son groupe, le tenant du titre a de quoi se mettre en jambes rapidement avant d’attaquer les choses sérieuses. Pour les plus férus de jeunes pépites, à noter que Valentín Carboni, prêté cette saison par l’Inter à Monza, a été retenu dans la liste finale et pourrait disputer ses premières minutes en compétition officielle.


  Brésil : et si Ronnie avait raison ?

Allumée en bonne et due forme par Ronaldinho en amont de la compétition, la Seleção ne se présente pas aux États-Unis avec un capital confiance très élevé. Après une préparation moyenne contre les États-Unis et le Mexique, les coéquipiers de Thiago Silva inquiètent au pays. Sous la coupe de Dorival Júnior, intronisé en janvier, les Auriverdes ont repris quelques couleurs après une terrible série de trois défaites contre l’Uruguay, la Colombie et l’Argentine pour clore l’année. Une victoire à Wembley et un nul fou à Madrid en mars ont montré que les quintuples champions du monde en avaient toujours sous le pied, mais leur marge semble infime et il a fallu qu’Endrick (3 buts en 6 sélections) les sauve pour ressortir de la préparation avec une victoire au compteur.

Ce qui fait tiquer à la lecture de la liste qui s’envolera pour les USA, c’est la faiblesse de l’effectif comparée à l’historique du pays. La défense n’offre pas une assurance tout risque, alors qu’au milieu, il semble manquer un troisième larron pour évoluer aux côtés de Bruno Guimarães et Lucas Paquetá. Malgré tout, le Brésil compte toujours dans ses rangs des éléments habitués à briller en Europe, notamment sur le plan offensif, avec des individualités capables de débloquer des rencontres sur des exploits individuels. Récemment couronné en Ligue des champions, le duo Vinícius-Rodrygo sera attendu au tournant, notamment avec leur futur coéquipier, Endrick. Dans la partie de tableau la plus relevée, débuts programmés contre le Costa Rica, le Paraguay et la Colombie.


  Uruguay : pour Marcelo Bielsa, enfin la bonne ?

Intronisé il y a un peu plus d’un an, quelques mois après un Mondial raté et conclu par une élimination dès les poules, Marcelo Bielsa a redonné vie à la sélection uruguayenne, sans ménager ses cadres pour commencer. Sur sa route, elle est allée taper l’Argentine à Buenos Aires, s’est amusée contre le Brésil et vient d’écraser le Mexique en amical. Dans un groupe largement à sa portée, avec le Panama, la Bolivie et les États-Unis, l’Uruguay a de quoi se mettre en route dans une compétition qu’elle aborde comme favori numéro 1 derrière l’Argentine. Et il le faudra, car derrière, ce sera logiquement soit le Brésil soit la Colombie, et ce, dès les quarts de finale, alors qu’une élimination précoce serait une vraie déception.

Le gros point fort de la Céleste se trouve au milieu de terrain, où s’associent joueurs de ballons et travailleurs insatiables, soit la formule parfaite pour une équipe entraînée par Bielsa. Avec des éléments référencés comme Manuel Ugarte, Rodrigo Bentancur, Federico Valverde ou Giorgian de Arrascaeta (double vainqueur de la Libertadores avec Flamengo) pour ne citer qu’eux, la formation uruguayenne a fière allure. Surtout que devant, la bromance entre Darwin Núñez et Luis Suárez, revenu pour une dernière danse, offre à la formation double championne du monde deux belles armes pour conclure, sans même parler du feu follet Facundo Pellistri notamment.

Les équipes CONCACAF, plus que des faire-valoir ?

Alors que la compétition se déroule aux États-Unis pour la deuxième fois de l’histoire, après l’édition du centenaire en 2016, six équipes CONCACAF participent à la compétition cette année. Des États-Unis au Canada, en passant par le Mexique, le Panama, la Jamaïque ou le Costa Rica, aucune ou presque ne fait office de favorite ou n’envisage sérieusement de qualification pour le dernier carré. Pourtant, toutes faisaient partie des huit meilleures équipes du nord du continent lors de la dernière Gold Cup. Pour la plupart, 2024 est surtout une préparation au Mondial 2026, notamment parce que trois d’entre elles, les plus fortes sur le papier, se préparent à accueillir la prochaine Coupe du monde. Et les dynamiques ne sont pas forcément réjouissantes.

Si elle affiche peut-être son pire niveau au XXIe siècle, la sélection mexicaine est en plein chamboulement et ne semble pas en mesure de trouver la bonne formule pendant la compétition. Avec Jesse Marsch à sa tête, le Canada vient d’entamer un nouveau cycle et ne pourra pas viser grand-chose chez son voisin, qui ne sait quant à lui pas vraiment sur quel pied danser. Placée dans la partie de tableau difficile, l’équipe américaine possède toujours des joueurs de talent, mais n’arrive pas à exploiter son potentiel, alors qu’elle s’est fait sortir par les Pays-Bas en huitièmes de finale du dernier mondial. Reste donc à Weston McKennie, Yunus Musah, Giovanni Reyna, Folarin Balogun ou Christian Pulisic à faire passer les États-Unis dans une autre dimension.

Pour les autres, quelles ambitions ?

Vainqueur contre l’Espagne, la Colombie s’impose comme la quatrième, voire la troisième devant le Brésil, force du plateau dans cette Copa América 2024. Forte de 8 victoires consécutives et d’une série d’invincibilité qui dure depuis mars 2022, la sélection entraînée par Néstor Lorenzo arrive sûre d’elle. Elle a éparpillé les États-Unis en amical (5-1) et va retrouver dès les poules le Brésil, qu’elle a battu en novembre. Jusqu’ici, les stars Yerry Mina, James Rodríguez, Jhon Durán ou Luis Díaz répondent à l’appel, largement accompagnées par les seconds couteaux ou les joueurs qui évoluent en Amérique du Sud comme Miguel Borja ou Jhon Arias.

À côté de ça, le Chili se remet petit à petit du départ de sa génération dorée et ne s’avance pas avec ambition dans le tournoi. Pour les autres, difficile d’exister, même si le Paraguay (Julio Enciso et Miguel Almirón) et l’Équateur (Piero Hincapié, Moisés Caicedo et la pépite Kendry Páez) s’appuieront sur leurs individualités pour porter des collectifs qui se construisent petit à petit. Pour le Pérou, vieillissant, et la Bolivie, trop faible, l’affaire semble malheureusement entendue. Reste le Venezuela de l’inusable Salomón Rondón, encore en jambes à 34 ans, qui, avec sa surprenante quatrième place lors des éliminatoires à la Coupe du monde dans la zone Am-sud, continue de progresser. Dans un groupe accessible (Mexique, Équateur, Jamaïque), l’objectif quart de finale est atteignable.

Par Julien Faure

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