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Antonio Silva, demain c’est maintenant
Face à la Corée du Sud, Antonio Silva devrait connaître à 19 ans son premier match de Coupe du monde pour son... 20e match en professionnel. C'est dire l'ascension du défenseur central du Benfica Lisbonne qui a déjà mis le monde à ses pieds.
2 août 2022. Assis sur le banc lors du premier match officiel de la saison du Benfica Lisbonne, Antonio Silva ne peut alors imaginer que quatre mois plus tard, il se retrouverait sur la pelouse de l’Education City Stadium d’Al Rayyan pour y disputer un match de Coupe du monde avec le Portugal face à la Corée du Sud. Il faut dire qu’à ce moment-là, le natif de Viseu n’est qu’un gamin de 18 ans prometteur qui vient de remporter la Youth League avec les jeunes du SLB et qui n’a toujours pas disputé le moindre match professionnel. Une première qui arrivera le 27 août en raison d’une suspension de Nicolás Otamendi, des blessures de João Victor et de Lucas Veríssimo et de la mise au placard de Jan Vertonghen, qui retournera en Belgique quelques jours plus tard. Et voilà comment celui qui était le 5e ou 6e défenseur central sur la ligne de départ se retrouve titulaire lors de la victoire à Boavista (3-0). Une semaine plus tard, Antonio Silva profite d’une nouvelle blessure – Morato – pour fouler à nouveau la pelouse. Depuis cette date, celui qui est alors international U19 a été titularisé dans toutes les rencontres par son entraîneur allemand Roger Schmidt, et a donc été l’un des grands artisans de cette première partie de saison parfaite du Benfica, toujours invaincu, leader du championnat et premier de sa poule de Ligue des champions devant le PSG et la Juventus. Et comme en 2016, où il avait emmené dans ses valises le jeune Renato Sanches qui n’avait que six mois en pro dans les jambes, Fernando Santos a récidivé avec Antonio Silva.
Le monde à ses pieds
Finalement, personne au Portugal n’a véritablement été surpris au moment où Fernando Santos a annoncé le nom d’Antonio Silva parmi les joueurs qui se rendront au Qatar pour disputer la Coupe du monde. Déjà parce que le fumeur de gitanes tâtonne depuis plusieurs mois sur l’identité du numéro 4 derrière Pepe, Dias et Danilo. Un poste sur lequel se sont succédé José Fonte, Tiago Djaló, Domingos Duarte, David Carmo et Gonçalo Inácio. Mais surtout parce que les performances d’Antonio Silva depuis le début de saison font que tout le pays parle de lui : des plateaux télé aux cafés en passant par les conférences de presse. Il faut dire que celui qui a prolongé dès le 5 septembre son contrat avec Benfica jusqu’en 2027 (avec une clause libératoire à 100 millions d’euros) impressionne. Que ce soit par sa qualité défensive, son intelligence, sa lecture du jeu, son calme, sa qualité de relance et son jeu de tête qui lui a déjà permis de planter 3 buts, dont un doublé à Estoril et l’ouverture du score face à la Juventus en C1. Au point de faire le bonheur de son entraîneur : « Il apporte de la stabilité en défense et est important dans la construction du jeu offensif. Il est très spécial, il a une excellente attitude, il est très concentré et humble. Je l’aime beaucoup. »
Des louanges que Roger Schmidt avait déjà envoyées à celui qui marche dans les pas de Rúben Dias après une double confrontation face au PSG où il avait tenu le choc face au trio Messi-Mbappé-Neymar, malgré un penalty provoqué après une faute sur Bernat pour rappeler qu’il peut encore progresser : « Il est très jeune, il n’a que 18 ans. Il est de plus en plus fort. Il est très talentueux, très mûr et ça se voit sur la pelouse. » Des qualités que Fernando Santos aussi a remarquées : « S’il a été appelé, c’est parce que je crois en lui et que j’ai une confiance totale en lui. D’après ce que j’ai vu lors des matchs les plus exigeants, mon choix s’est porté sur lui, j’aurais pu en choisir un autre, mais c’était mon choix. Maintenant, c’est à lui de jouer. » Ce qu’il a bien fait lors de l’amical pré-Mondial remporté face au Nigeria (4-0), lors duquel il a montré sa complémentarité avec Rúben Dias et rassuré les supporters portugais qui sont tranquilles au sujet de la charnière centrale pour les dix prochaines années.
Faux départ
Antonio Silva n’a pourtant pas toujours été ce roc défensif qu’il a montré lors de ses 19 matchs en pro. Il a même failli tout abandonner à l’âge de 11 ans au moment où tout a commencé. Courtisé par Porto et le Sporting Portugal – dont il visite les installations – celui qui joue alors à Os Repesenses décide finalement de rejoindre le centre de formation du Benfica Lisbonne, club que la famille supporte et dans lequel joue son idole Luisão. Oui, mais voilà, le déménagement à 300 bornes de chez lui n’est pas bien vécu par le gamin, comme il le racontera plus tard à Canal 11 : « À l’époque, c’était très difficile pour moi. Je n’étais pas heureux. Mes performances n’étaient pas bonnes. Je dormais très peu, j’avais le mal du pays. J’étais un enfant très fragile, très jeune. Finalement, être au Benfica si jeune, ce n’était pas ce que je voulais. » Résultat, les dirigeants du SLB laissent le petit Antonio retourner jouer chez lui à Viseu le temps qu’il soit prêt mentalement à revenir. Sans trop savoir le temps que ça prendra et surtout si ça fonctionnera. Un retour aux sources bénéfique puisqu’il revient à Lisbonne un an après et dégomme tout sur son passage jusqu’à ce match face à la Corée du Sud en Coupe du monde où il devrait être titularisé par Fernando Santos en raison de la blessure de Danilo et du risque de suspension de Rúben Dias. Sauf qu’Antonio Silva n’est pas du genre à lâcher sa place de titulaire lorsqu’on la lui donne.
Par Steven Oliveira