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Antoine Griezmann, adaptation exigée au jeu de Barcelone

Par Florian Cadu
Antoine Griezmann, adaptation exigée au jeu de Barcelone

Si Antoine Griezmann a tout pour réussir à Barcelone, passer de la rugueuse tactique madrilène de l'Atlético au jeu catalan plus offensif peut réclamer un peu de temps. Problème : celui qui a été transféré des Colchoneros aux Blaugrana n'en dispose pas, ou très peu.

Nul doute qu’il espérait mieux, pour l’ouverture du championnat espagnol 2019-2020. Commencer une nouvelle histoire par une défaite sur le terrain de l’Athletic Bilbao sans avoir marqué ou sans s’être montré décisif d’une autre manière, ce n’est jamais plaisant. Mais Antoine Griezmann s’en remettra, lui qui a bien grandi depuis les larmes observées sur ses joues à la fin du quart de finale de la Coupe du monde perdu par la France contre l’Allemagne (1-0) en juillet 2014.

À cette époque, le Tricolore est encore sous contrat avec la Real Sociedad et s’apprête à passer au niveau supérieur en rejoignant l’Atlético de Madrid. Un club où il va progresser et évoluer, mûrir et s’épanouir, apprendre et comprendre. Grâce à ces cinq ans sous les ordres de Diego Simeone, le petit attaquant de Mâcon est devenu une grosse star de son pays. Alors, oui : maintenant que l’espoir s’est transformé en homme, le monsieur est capable d’exploiter à fond son intelligence comme ses capacités techniques et son talent physique pour surmonter les obstacles posés devant lui afin de réussir et de convaincre encore plus haut. C’est-à-dire à Barcelone, comme une consécration et une suite logique à sa carrière plutôt linéaire, où il s’est engagé cet été en échange de 120 millions d’euros (le montant de sa clause libératoire).

La mutation attendue

De toute façon, le bonhomme n’a pas le choix. Débarquant avec le statut de champion du monde et de valeur sûre de Liga, Griezmann est attendu au tournant. Par les supporters catalans, par ses partenaires, par ses dirigeants, par les Français, par les Colchoneros, par les médias… Par tout le monde, en somme. Problème : l’Atlético ne pratique absolument pas le même football que Barcelone, et passer du premier au second pourrait réclamer un peu de temps dont ne dispose malheureusement pas Griezmann. L’exemple Philippe Coutinho, prêté au Bayern Munich une année seulement après avoir dépensé 145 millions d’euros pour s’attacher ses services, l’a encore démontré : dans une entité aussi exigeante que le FCB, les délais s’avèrent très vite dépassés.

Sur le papier, la mission pour l’ex-Matelassier est donc simple à écrire : se fondre dans la machine blaugrana en rendant l’appareil encore plus efficace et s’intégrer parfaitement à ses rouages, sans avoir besoin (ou presque) de cap d’intégration. Dans la réalité et en usant de clichés, l’objectif est plus difficile à traduire, car la recrue quitte un football « de souffrance » pour une philosophie « de plaisir » – même si, évidemment, les Madrilènes savent se faire plaisir en souffrant. Habitué à courir après la sphère et à multiplier les replis défensifs par le passé tout en prenant soin de s’appliquer sur de fondamentaux coups de pied arrêtés (ce qui est également parfois le cas avec les Bleus, toutes proportions gardées), l’international se retrouve du jour au lendemain dans une team amoureuse de la possession de balle et réputée pour poser le ballon au sol comme pour ses combinaisons dans les petits espaces.

Ça donne quoi, un Griezmann barcelonais ?

Cela s’est vu, lors du revers à Bilbao. Non pas que Griezmann a ressemblé à un poisson suffoquant hors de l’eau barcelonaise – ses coéquipiers n’ayant pas non plus performé –, mais il a longtemps paru exilé et impuissant sur l’aile gauche d’une équipe habituellement connue pour utiliser à fond les côtés. Conséquences ou pas, l’ancien de l’Atlético a taclé plus que dribblé (deux tacles, contre un seul dribble) et a plus brillé dans les airs que dans ses transmissions (deux duels aériens gagnés, seulement 70% de passes réussies, soit le plus faible taux du Barça derrière Luis Suárez). Résultat ? Son entraîneur Ernesto Valverde n’a pas hésité à le tancer, en conférence de presse : « Quand Antoine Griezmann est proche de la surface, il peut être décisif. Il est capable de marquer, car il crée des espaces et se déplace bien. Mais pour cela, il est important de dominer le jeu. Il doit s’impliquer davantage dans le jeu, c’est le plus important. Il sait que nous attendons beaucoup de lui, comme de nombreux joueurs. »

Certes, les Catalans se sont éloignés du style tiki-taka ces dernières saisons. Notamment depuis l’arrivée de Valverde, en 2017. Reste que le coach, critiqué pour s’en remettre un peu trop à Lionel Messi, va lui aussi être jugé ces prochains mois sur le spectacle déployé par sa bande. En d’autres termes, les fans souhaitent un retour aux fondamentaux en matière de jeu. Son nouvel élément va donc devoir s’y faire, et oublier rapidement ses habitudes simeonesques pour laisser de la place à sa mutation et épouser la philosophie catalane. Qu’il se le dise : dès ce dimanche soir contre le Betis Séville, le Camp Nou voudra voir le Griezmann barcelonais.

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