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Anthony Limbombe, la fin du canular

Par Jérémie Baron
Anthony Limbombe, la fin du canular

Plus gros achat de l'histoire du FC Nantes en 2018, symbole de la gangrène du club par Mogi Bayat et de la gestion désastreuse des Kita, Anthony Limbombe a quitté la Maison jaune ce lundi. Flop retentissant sur les rives de l'Erdre, le Belge n'était plus apparu en compétition professionnelle depuis mars 2020 et tiendra une place de choix dans les échecs nantais au XXIe siècle. Son départ est une bonne nouvelle pour tout le monde, après plus de trois ans et demi de calvaire.

« Le FC Nantes annonce la résiliation, d’un commun accord, du contrat d’Anthony Limbombe (27 ans), à compter de ce lundi 4 avril 2022. Anthony Limbombe était arrivé à l’été 2018, en provenance du FC Bruges (Jupiler Pro League) et n’aura jamais réussi à s’imposer chez les Jaune et Vert. Le FC Nantes souhaite une bonne continuation à Anthony pour la suite de sa carrière. » C’est par ce communiqué lunaire de trois phrases contenant une balle perdue que l’aventure nantaise d’Anthony Limbombe s’est officiellement terminée, ce lundi 4 avril en fin d’après-midi. Une demi-surprise, tant le Belge avait disparu de la circulation depuis plus de deux ans. Mais un timing inattendu alors qu’il devait justement réintégrer le groupe professionnel cette semaine, sous la pression de la commission juridique de la LFP et après une guerre d’influences en coulisses opposant Antoine Kombouaré à l’avocate du joueur.

« Je lui avais dit de faire le choix du sportif, il a fait le choix du juridique », regrettait d’ailleurs il y a quelques jours face à la presse le Kanak, qui avait envoyé l’ailier en réserve depuis mi-septembre. C’est donc le pactole posé sur la table par Waldemar Kita à l’été 2018 (entre huit et dix millions d’euros, avec les bonus) qui s’envole par la même occasion, sans que les supporters jaune et vert n’aient jamais pu comprendre comment l’ancien de Genk avait pu devenir le plus gros investissement de l’histoire du club. Artisan du titre de champion du Club Bruges glané au terme de l’exercice 2017-2018 et couronné Soulier d’ébène dans le même temps, pas loin de prendre la direction de la Premier League à l’époque, Limbombe avait même fêté sa première cape avec les Diables rouges en mars pour 45 minutes en amical face à l’Arabie saoudite (victoire 4-0 avec Romelu Lukaku, Eden Hazard ou Kevin De Bruyne).

De la sélection à la garde à vue

Au milieu de ce deal planait évidemment l’ombre de l’agent Mogi Bayat, directeur sportif officieux du FCN et refourgueur de joueurs – plus ou moins crédibles – de Jupiler Pro League dans la cité des ducs de Bretagne. Un Bayat à cause de qui le joueur se retrouve d’ailleurs en garde à vue, en novembre 2018, au milieu du tourbillon de magouilles de l’homme d’affaires franco-iranien. Un épisode qui laissera des traces : « Dans l’histoire, j’étais victime, et tout le monde m’a vu comme un coupable, a-t-il témoigné, dans Ouest-France. Après ça, j’ai commencé à moins jouer. Surtout, moralement, j’ai pris un coup. C’est impossible de bien se sentir. Cet épisode a changé le regard des gens sur moi, et pas seulement dans le foot. Même quand j’allais en ville, on m’en parlait. Tout le monde pensait que j’avais triché. Quand je signe, j’ai regardé ce que j’allais gagner, les primes et la durée du contrat. Le reste, j’ai trop fait confiance et ce n’est pas bien. Car des gens autour de moi ont fait des choses bizarres. »

La dernière apparition nantaise de Limbombe, le 18 juillet lors d’une défaite en amical contre Niort (1-0) dans le cadre du challenge Emiliano Sala à Orléans.

Trois ans et sept mois après son arrivée, le natif de Malines – pas épargné par les bobos – quitte en tout cas la France avec 38 apparitions pour 17 titularisations toutes compétitions confondues avec Nantes et autant de cartons jaunes récoltés que de buts inscrits en Ligue 1 (deux). De quoi regretter ce mauvais choix de carrière, pour le principal intéressé : « J’ai l’impression qu’on m’a juste mis là et que cela aurait pu être ailleurs aussi. Quand je signe à Bruges, j’ai senti l’amour des gens. En Hollande, le team manager m’avait même fait visiter la ville. À Nantes, je n’ai jamais eu ça et c’est étrange pour un transfert record. Je n’ai jamais eu le sentiment de faire partie d’un projet. » Son prêt dans son pays, au Standard de Liège en début d’exercice 2019-2020, n’aura pas forcément été plus heureux (une blessure au genou, deux cambriolages subis à Nantes et Liège autour de cette période, et sept apparitions pour un but et une passe décisive). Mais à Nantes, Limbombe a surtout traîné son spleen. « Je ratais un match et je me faisais insulter sur Instagram, raconte-t-il. On allait au stade et, si je manquais une passe, on disait :« C’est huit millions, ça ? » Personne ne m’a préparé à ça. »

Un screamer face à Lyon, et puis c’est tout

Une image peut être retenue, cependant : ce coup franc phénoménal à la Beaujoire pour cogner Anthony Lopes et l’Olympique lyonnais dans les dernières minutes (2-1) un soir d’avril 2019, afin d’amorcer une fin de saison fructueuse pour les Canaris (cinq succès de rang dont Lyon, Paris et Marseille). Un pion rendu spécial aussi parce que le lendemain, Bruno Genesio annonçait qu’il quitterait le banc de l’OL dans les semaines suivantes. Dix mois plus tard, Limbombe inscrira un autre but important, le dernier, lors d’une bonne prestation sur la pelouse du Vélodrome (1-3) à la réception d’une galette de Kader Bamba deux semaines avant sa toute dernière apparition en compétition officielle (à Angers, juste avant la coupure Covid).

Au moment où Limbombe met les voiles, les souvenirs sont déjà très lointains. Et Limbombe – l’un des plus gros salaires du club, avec entre 82 500 et 100 000 euros bruts par mois – rejoint tranquillement le mythique Kolbeinn Sigþórsson au panthéon des plus beaux fiascos nantais, depuis l’entrée dans le nouveau millénaire. Sous Kombouaré, le joueur n’aura en effet pas existé. « Il m’a dit qu’il n’avait rien contre moi, que c’était uniquement un choix sportif, explique Limbombe. Je ne lui en veux pas. Il arrive ici en mission, il n’avait pas le temps pour un joueur comme moi. On s’est souhaité le meilleur. Pour lui, l’été dernier, j’avais trop de retard sur les autres. » Depuis juin 2020, Anthony Limbombe ne travaille en tout cas plus avec Mogi Bayat. Peut-être le meilleur enseignement qu’il aura tiré de ce désastre en Loire-Atlantique.

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