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Anelka, un tentateur sur Lille

Par Eric Carpentier
Anelka, un tentateur sur Lille

Le LOSC a annoncé l'arrivée de Nicolas Anelka en tant que « conseiller » auprès du centre de formation. Étonnant ? Pas tant que ça.

« Nicolas Anelka au LOSC auprès des jeunes attaquants lillois » : en quelques mots mercredi à 13h57, le LOSC fait péter son compteur de retweets. L’info surprend, forcément. Deux heures plus tôt, alors que la rumeur courait vers l’officialisation, Fodé Ballo-Touré donnait une mesure de l’évènement en conférence de presse : « Il me faisait kiffer quand il était au PSG » se réjouit le défenseur, évoquant des images qui remontent quand même à plus de quinze ans. Voilà donc Nicolas Anelka « conseiller(…)auprès du centre de formation » et Lille « satisfait de pouvoir faire bénéficier ses jeunes joueurs des connaissances, de la compétence et de l’immense expérience de cet ancien joueur de renommée internationale » selon les termes du communiqué. Pourquoi, comment ? Tentative d’éclairage.

Les grands projets

Pour avoir une idée de ce que peut faire Anelka à Lille, il faut regarder vers l’est et Kerkrade. Le 1er février 2017, à 250 kilomètres de Luchin, le Roda JC devient la nouvelle famille d’accueil du Français. Il arrive aux Pays-Bas dans les valises d’Alexsei Korotajev – repreneur en puissance aux traditionnelles ambitions de « Ligue des champions d’ici cinq ans » – à un poste de consultant en charge de l’académie. Si l’aventure initiée depuis Dubaï va tourner court (spoiler de la seconde partie : le Russo-Suisse n’est pas net), Anelka a le temps de développer quant à ses attributions. « Je pense que j’ai l’œil pour découvrir des talents, avance-t-il en conférence de presse. J’ai un énorme réseau que je vais utiliser pour faire venir des joueurs au club. » De fait, douze clubs, six pays et 69 sélections posent un bonhomme et noircissent un répertoire. Anelka est un nom parfait pour attirer les regards.

Le regard des médias et du public, forcément, puisque Nicolas Anelka ne laisse personne indifférent. Celui des jeunes en devenir, la matière première du LOSC, car Nicolas Anelka est l’un des attaquants les plus doués et reconnus de sa génération. Et celui de l’Est, encore, mais bien au-delà de la frontière néerlando-allemande, jusqu’en Inde et en Chine, là où Nicolas Anelka a terminé sa carrière de joueur et fait quelques incursions dans le rôle d’entraîneur. Au moment de son rachat du LOSC, Gérard Lopez annonçait à France 3 Hauts-de-France chercher « un partenaire qui soit capable de développer des académies de football en Chine » . De son côté, Anelka déclarait trois mois plus tard au JDD qu’ « il faut tout explorer dans le football » . Il envisageait aussi de voter Philippe Poutou tout en regrettant que le football soit devenu un « excellent business » et que si c’est « tant mieux pour ceux à qui ça profite » , reste un « problème : on ne parle que d’argent » . Mais ça, c’est une autre histoire. À Lille, Anelka est là pour parler terrain.

Les petits papiers

Comme d’autres avant lui, à Lille et/ou ailleurs (coucou Patrick Kluivert), l’attaquant paraît débarquer sur son nom davantage que sur ses compétences, qu’il n’a pas encore eu l’occasion de montrer. Mais alors, pourquoi choisir les champs de chicons quand le sable fin peut te tendre la main ? Pour cela, il faut au moins une raison et un chemin. La raison, c’est l’amour, il n’y a que ça : Nicolas Anelka est attaché à la Belgique, le pays de sa femme, là où l’essence est moins chère et là où il a un temps tourné autour d’un club de quatrième division, le Royal Géants Athois en 2015. Plus tard, à Kerkrade, il appréciait pouvoir profiter de ses trois enfants. Avec deux petits kilomètres d’E42 entre la sortie 13 du domaine de Luchin et la frontière belge, papa Anelka va pouvoir continuer à faire du trampoline avec sa descendance.

Quant à trouver le chemin menant Anelka à Lille, il faut remonter jusqu’au Roda JC et à Alexsei Korotajev. Car si l’aventure néerlandaise d’Anelka a tourné court, c’est que la reprise prévue a connu quelques ratés. Dix jours après l’annonce, Korotajev est arrêté à l’aéroport de Dubaï, accusé d’avoir signé un chèque sans provisions de 18 millions d’euros. Condamné deux jours plus tard à trois ans de prison, il y passera six mois avant de voir sa peine réduite en appel à une simple amende. Surtout, sa contre-attaque aboutira aux Dubaï Papers et, pour ce qui concerne un Roda JC tombé en deuxième division, empêche toujours l’ancien nageur suisse de quitter Dubaï pour finaliser la reprise. Un bourbier duquel Anelka s’est rapidement extirpé pour retrouver sa liberté.

Or, c’est à Dubaï, où il a un appartement depuis plus de dix ans, que le Français a rencontré Korotajev. Et c’est également à Dubaï qu’il a connu Gérard Lopez. L’Hispano-Luxembourgeois y possède un bureau via son fonds d’investissement Nekton Group, y prend le départ de courses automobiles et y séjourne régulièrement. Féru de sport, il s’est lié avec Nicolas Anelka jusqu’à le faire venir dans son club. En 2009, l’attaquant déclarait au journal Le Monde : « Quand tu joues à l’étranger, tu ne peux plus revenir en France. Et si tu joues à l’étranger, c’est parce que la fiscalité est avantageuse. Il faut arrêter d’être hypocrite. » Il faut croire que Lopez a su trouver les mots pour attirer Anelka. Attention quand même à ne pas terminer comme Ronaldinho, hein.

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