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Andreazzoli, retrouvailles romaines

Par Adrien Candau
Andreazzoli, retrouvailles romaines

Homme providentiel d'Empoli, qu'il a fait remonter en Serie A la saison dernière, Aurelio Andreazzoli retrouve la Roma, où il avait endossé pendant des années le rôle de collaborateur technique de la ribambelle de coachs qui se sont succédé sur le banc des Giallorossi. De quoi lui permettre d'entretenir un discours aussi passionné que critique sur le club de la capitale et sa gestion tumultueuse.

Drôle de parcours. Bizarre. À contretemps. À soixante ans passés, Aurelio Andreazzoli est un entraîneur différent. Difficile de lui coller un autre qualificatif, au regard de son CV : vieux briscard de la Serie A, le Mister n’a découvert l’élite comme entraîneur principal d’un club que lors de l’exercice en cours, du côté d’Empoli (si l’on excepte son intérim de quelques mois à Rome en 2013). Empoli, une formation qu’il a fait remonter en Serie A la saison dernière. Ce Toscan de naissance s’est pourtant surtout construit une réputation d’homme de l’ombre à la Roma, comme pilier du staff technique. À l’heure de recroiser la route de la Louve ce samedi soir, les tifosi giallorossi se souviendront sans doute qu’Aurelio n’a d’ailleurs jamais cherché à nier l’évidence : « Oui, je supporte la Roma. » Ce qui ne l’a pas empêché par le passé de dénoncer les dysfonctionnements systémiques d’un club qu’il a appris à connaître sur le bout des doigts.

L’ombre de Spalletti

Retour en 2005. À l’époque, Aurelio Andreazzoli a déjà plus de 50 piges, n’a encore posé son fessier que sur des bancs de clubs de Serie C et D, mais débarque à la Roma pour appuyer un certain Luciano Spalletti. Un divin chauve auquel son nom sera longtemps associé. De fait, si Andreazzoli a six ans de plus que Luciano, c’est bien lui qui puise dans les influences du tout nouveau Mister de la Louve. Le duo, complémentaire et semble-t-il alors indivisible, se connaît par cœur. La paire a du vécu, les deux hommes s’étant connus dans les salles de classe de Coverciano, le célèbre centre de formation des entraîneurs transalpins. Andreazzoli, élève appliqué et studieux, fait alors la connaissance d’un Spalletti aux méthodes de travail moins conventionnelles, mais déjà virtuose.

Le second obtient même la note maximale à son Master UEFA pro, le plus haut degré de diplôme d’entraîneur attribué par la Fédération italienne : 110 sur 110. Aurelio tombe rapidement sous le charme : « Luciano arrivait et je le mettais à jour sur certains des enseignements, parce qu’il manquait certains cours… Mais c’était un des tout meilleurs. » En 2003, alors que Spalletti est en train de secouer la hiérarchie de la Serie A à l’Udinese, Andreazzoli rejoint donc son ami dans le Frioul, avant d’émigrer avec lui à Rome deux ans plus tard. S’ensuivent quatre années aussi glorieuses que tumultueuses, où Aurelio jouera le rôle de lieutenant infaillible d’un Spalletti tantôt révéré, tantôt critiqué par les médias romains.

Regard critique

Sa greffe à l’environnement de la capitale est telle qu’il choisit même de rester dans le staff giallorosso à la suite du départ de Spalletti pour le Zénith en 2009. Une preuve emblématique de l’influence d’Aurelio ? Ce dribble complètement taré réussi par Rodrigo Taddei en octobre 2006 dans la surface de l’Olympiakos un soir de C1. Un geste que le Brésilien avait travaillé avec Andreazzoli à l’entraînement et qui fut affectueusement surnommé l’ « Aurelio. »

Vidéo

Sympathique et symptomatique de la place qu’a su gagner le Toscan dans l’organigramme de la Roma. En 2011 et jusqu’en 2017, Andreazzoli reste ainsi un élément clé du staff technique de la Roma, en prêtant successivement assistance à Vincenzo Montella, Luis Enrique, Zdeněk Zeman, Rudi Garcia et bien sûr Luciano Spalletti. Une période faste, mais agitée, qu’il regarde aujourd’hui avec un œil aussi nostalgique que critique : « Voilà comment ça se passe à Rome : tout commence avec énormément d’enthousiasme puis la situation se détériore. Vous savez, si la Roma a engagé treize coachs différents ces treize dernières saisons, s’ils sont tous partis, c’est bien que quelque chose ne tourne pas rond. Parce que Ranieri, Zeman, Luis Enrique, Spalletti, c’est quand même pas mal du tout, non ? Prenez Rudi (Garcia, N.D.L.R.): il a fait deux secondes places, le record de dix victoires consécutives. D’abord c’était Napoléon, puis ils l’ont traité comme si c’était un idiot, est-ce que c’est normal ? »

Derby maudit

Le tout sera ponctué d’un court intermède où Andreazzoli endossera lui-même le costard de Mister en chef de la Roma, de février à juin 2013, à la suite du licenciement de Zdeněk Zeman. Une réussite sur le plan statistique : alors que la Roma de Zeman avait cumulé 34 points en 23 journées, Andreazzoli en cueille 28 en 15 matchs de Serie A et hisse la Roma à la 6e place du championnat. Son intermède sera marqué par l’abandon du 4-3-3 pour l’adoption d’un 4-2-3-1 réminiscent des années Spalletti, mais aussi par une historique défaite en finale de Coupe d’Italie face à la Lazio, sur le score de 1-0.

Un affront qui lui sera fatal, le renverra à son statut de simple collaborateur technique et ternira un bilan pourtant plutôt positif : « On m’a massacré alors que nous avons frappé le poteau… C’était un match horrible, mal joué par les deux équipes… relatait Aurelio en 2017. Sous mon mandat, on avait la meilleure défense après la Juve. J’ai pris l’équipe avec neuf points de retard sur la Lazio et nous avons fini devant eux, j’ai replacé Pjanić en regista… mais personne ne se souvient de mes chiffres sur le banc, car l’environnement romain est dépourvu de compétences en matière d’évaluation. » Une vieille blessure sentimentale, qu’Andreazzoli voudra donc sans doute refermer définitivement, en tentant de surprendre la Roma ce samedi, au Stadio Carlo Castellani.

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Par Adrien Candau

Tous propos issus de la Gazzetta dello Sport, Tuttosport et la Repubblica.

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