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André Gomes, le magicien ose

Par William Pereira
André Gomes, le magicien ose

Dans la famille des Portugais de Benfica sacrifiés par Jorge Jesus, nous demandons André Gomes. Rejeté par Porto, puis par les Aigles lisboètes, le milieu de terrain s'éclate à Valence, où il n'est plus très loin d'être adulé. Samedi dernier, Mestalla a scandé son nom pendant plusieurs minutes après son but contre Málaga. De quoi donner envie de se pencher sur le personnage.

Un amorti de la poitrine suave, un sombrero soyeux et une demi-volée imparable dans le but de Fabiano Freitas. Sa plus belle action sous les couleurs benfiquistas, André Gomes a la bonne idée de la placer contre le FC Porto. Bonne idée, car il s’agit évidemment du rival historique du SLB, mais surtout de son premier club formateur. Portista de naissance, le meneur de Valence devient rouge avec le temps et une trahison qui surviendra alors que le natif de Grijo n’a que 15 ans. Plusieurs années capitaine des jeunes Dragons, il finit par être mis de côté par l’entraîneur des U17 et quitte le club. Coup de massue. « Ça nous a fait très mal, mais à lui plus qu’à moi, comme il était là-bas depuis plus longtemps et avait été capitaine. Aujourd’hui encore, je ne comprends pas bien la décision du club. Il jouait très régulièrement et tout s’est écroulé d’un coup » , se souvient Adérito Pedrosa, coéquipier et ami d’enfance d’André Gomes, sur Mais Futebol. Déprimé, le milieu de terrain hésite à suivre son pote parti à Pasteleira, petit club affilié à Boavista, mais finit par prendre sa chance. Un an plus tard, Pedrosa et Gomes atterrissent comme prévu à Boavista. Le premier y restera jusqu’en 2013, tandis que le second n’attendra pas plus loin que 2011 pour retrouver un club digne de son talent, en l’occurrence Benfica.

Là-bas, il croise la route de Bernardo Silva, Ivan Cavaleiro et João Cancelo et s’impose rapidement comme le leader naturel de cette petite bande de cracks. Et retrouve le brassard. « C’est un meneur balle au pied, mais aussi dans le vestiaire, il a toujours été très mature » , renchérit Pedrosa. Ça suffit dans un premier temps pour accéder à l’équipe principale benfiquista, mais pas pour devenir titulaire indiscutable aux yeux de Jorge Jesus. S’il bénéficie de beaucoup plus de temps de jeu qu’un Bernardo ou un Cavaleiro, Gomes ne joue pas assez pour un gamin de son âge. C’est d’autant plus frustrant que le maestro se montre pourtant décisif offensivement avec les grands, en marquant plusieurs buts importants et en délivrant quelques caviars. Jesus n’en a que faire, et Jorge Mendes flaire le bon coup. Il en parle à son pote Peter Lim qui, via sa Meriton Holdings, rachète la perle pour 15 millions d’euros, le fameux tarif formation exigé par Benfica. En 2014, André Gomes file à Mestalla en prêt avant d’y signer à titre définitif à l’été 2015.

Trop lent et tendre pour Jesus

Plusieurs théories fusent sur le semi échec du Portugais à la Luz. Si d’aucuns pointent du doigt le supposé désamour de la direction et du coach envers les jeunes de la maison, d’autres, comme Fabio Martins, ancien collègue de formation à Benfica, tentent de trouver des explications dans le jeu de l’ancien Portista. « Il n’est pas aussi rapide, agressif ni intense que les autres joueurs que lui a préférés Jesus. C’est sans doute ce qui a posé problème. » Soit. Mais les points forts existent, et certains d’entre eux compensent aisément lesdites lacunes. « Il est toujours au bon endroit. Il anticipe tout, aussi bien en attaque qu’en défense. Quand il reçoit le ballon, ça fait déjà deux secondes qu’il sait ce qu’il va en faire. C’est comme ça qu’il trompe ses adversaires » , ajoute Martins.

Malgré tout, l’actuel chouchou de Mestalla ne se plaint jamais auprès de l’apôtre du jeu benfiquista. Il préfère encaisser les coups et se barrer en douce dans un championnat et une équipe qui ne lui demandent pas d’avoir l’agressivité d’un Enzo Pérez ou le physique d’un Matić. Comme pour l’arrivée de Nuno Espirito Santo, Valence s’interroge. Ce jeune joueur est-il vraiment un crack ou simplement un poulain de Mendes fraîchement débarqué en raison de l’amitié grandissante entre ce dernier et Peter Lim ? Il y a bien la vidéo de son golaço contre Porto qui circule sur YouTube, mais les Espagnols ne sont pas trop du genre à s’enflammer pour si peu. Ils préfèrent attendre et voir. Et ils verront.

Le Barça l’a à l’œil

De retour de blessure en début de saison, André Gomes a très vite rechuté, loupant ainsi les barrages et les premiers matchs de Ligue des champions des Murcielagos. C’est que le bougre a tendance à trop tirer sur la corde. Il aime tellement le ballon qu’il est capable de jouer avec une jambe hors-service. Cet amour du cuir se ressent d’autant plus sur le terrain. Toujours disponible, demandeur, il caresse la balle de la poitrine, du droit ou du gauche. Peu de gens savent si le Portugais est droitier ou gaucher et son superbe but de samedi contre Málaga est là pour le prouver. Pedrosa confirme. « Il est capable de botter des corners des deux pieds avec la même précision. » À Mestalla, sa technique impressionne rapidement. Après un premier affrontement fou d’insolence et de magie contre Barcelone, l’ex de Benfica est surnommé « Mago » et « puto crack » .

Les plus fous associent sa réussite à son numéro 21, autrefois propriété de David Silva, qui serait en train de devenir le 7 mancunien de Valence. Transcendé par son numéro ou pas, le natif de Grijo est désormais un élément indispensable du dispositif de Nuno. Avec Parejo, il fait le jeu, trouve des espaces là où il n’y en n’a pas, soulage ses défenseurs, rassure ses attaquants. Et marque. Pas étonnant d’apprendre que le Barça se penche sur son cas pour l’été 2016. Face aux rumeurs grandissantes, les Chés ont prévenu, par la voie d’un communiqué, que son as avait un prix. 150 millions d’euros, montant de la clause libératoire. C’est cher. André Gomes ne partira sans doute pas pour cette somme, mais il ne sera pas gratuit. Surtout s’il réussit un gros Euro cet été. À condition de ne pas se blesser, cette fois-ci.

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