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Amrabat is not bullshit

Par Adrien Candau
Amrabat is not bullshit

Insaisissable sur son aile lors de la phase de groupes du Maroc, Nordin Amrabat voudra prolonger le plaisir face au Bénin ce vendredi, en huitièmes de finale de cette CAN cuvée 2019. À 32 piges, le milieu offensif se régale comme d'une dernière gourmandise de ce qui pourrait bien être son ultime compétition majeure. Logique pour un type qui, sans un ou deux coups de pouce du destin, serait peut-être toujours en train de préparer des desserts dans un restaurant d'Hilversum, au nord de la Hollande.

Ce jour-là, ceux qui ne le connaissaient pas se sont fait un devoir de mémoriser son blase. Prénom : Nordin. Nom : Amrabat. Dernier coup d’éclat : embobiner quatre défenseurs ivoiriens, puis mettre sur orbite son pote Youssef En-Nesyri, qui marquait dans la foulée. De quoi permettre au Maroc de mater la Côte d’Ivoire un but à zéro et de se qualifier dès son second match de phase de groupes pour les huitièmes de la CAN. Un match que les Lions de l’Atlas disputeront ce vendredi, face au Bénin. Avec Amrabat sur un côté, évidemment.

Le gladiateur

L’ailier d’Al-Nasr (Arabie saoudite), où il a été transféré en juillet 2018, n’est néanmoins pas un parfait inconnu. Sa trajectoire en club, sinueuse, l’a vu souvent changer d’équipes, alors même qu’il a laissé de bons souvenirs derrière lui, aussi bien à Málaga (2013-2016, 63 matchs joués), Watford (48 rencontres entre 2015 et 2017) et Galatasaray, avec qui il fut champion de Turquie en 2013. Apprécié partout, indispensable nulle part ? Certainement pas en sélection. L’ailier gauche a fait des Lions de l’Atlas le vrai fil conducteur de sa carrière : avec 50 capes au compteur depuis 2012, il fait partie des cadres indiscutables et indiscutés de son équipe nationale. Une histoire de caractère : plus qu’un dribbleur à la technique ciselée, Amrabat est aussi devenu un bastonneur de première catégorie. Ses replis défensifs et sa combativité sont constamment loués. Un exemple caractéristique ? Le 20 juin 2018, le Maroc perd d’un petit but face au Portugal, en phase de poules du Mondial russe, avec Amrabat qui abat une quantité monstrueuse d’efforts sur son aile. Un match que ce dernier n’aurait pourtant théoriquement pas dû disputer, lui qui avait été victime d’une commotion cérébrale lors de la rencontre contre l’Iran, disputée cinq jours avant le duel contre la Seleção.

De quoi inspirer les internautes marocains à créer sur Twitter le hashtag #Amrabatfacts, qui reprend le principe du célèbre site « Chuck Norris Facts », prêtant des qualités surhumaines à l’acteur américain champion de karaté. Un traitement désormais appliqué à Amrabat, qui donnait lieu à un délire collectif plutôt sympathique à coups de « Amrabat n’a pas été élu homme du match, c’est le match qui a été élu Amrabat. » , « Ce n’est pas Amrabat qui a été victime d’une commotion cérébrale, c’est la commotion cérébrale qui a été victime d’Amrabat… » ou encore le délicieux « Amrabat peut bouffer une caisse entière de hendiya (des figues de barbarie, N.D.L.R) sans avoir de problèmes gastriques. » Pour ne rien gâcher, quelques jours plus tard, Amrabat se distinguait après le match nul des siens face à l’Espagne (2-2), à l’issue duquel le Maroc était éliminé de l’épreuve reine. Le joueur, furieux, clamait alors devant les caméras « VAR is bullshit » , alors que les Ibères avaient bénéficié d’un penalty discutable, validé par l’assistance vidéo.

Footballeur de principes

La marque d’un type qui en a décidément dans le bide. Peut-être parce que Nordin Amrabat a déjà beaucoup vécu. Son histoire, c’est d’abord celle de milliers de familles marocaines qui ont émigré aux Pays-Bas dans les années 1970. À l’époque, le grand-père de Nordin quitte le Maghreb et trouve du travail dans une fromagerie hollandaise. Son fils, Mohamed, le père de Nordin, l’y rejoint rapidement. La famille Amrabat s’installe à Huizen, en Hollande-Septentrionale. Mohamed prodigue alors à ses fils, Nordin et Sofyan (qui deviendra lui aussi international marocain), une éducation stricte, où le football ne prendra jamais trop le pas sur le reste. Notamment sur leur éducation religieuse. « La foi est une ligne directrice importante dans ma vie » , déclarait Nordin à Sportweek en 2008. Amrabat ne fume pas, ne boit pas et donne 2,5% de ses revenus à des organisations caritatives et à sa famille au Maroc. Son plaisir, le joueur le trouve principalement dans le foot. Notamment celui qui se joue dans la rue, sans contrainte, ni consignes. « J’ai eu une très belle enfance, qui consistait principalement à jouer au football dans la rue, oui… Ce fut une époque merveilleuse, celle où vous vous sentez libre dans votre tête en faisant ce que vous aimez. »

« Oui bonjour, Nordin Amrabat. Vous cherchez toujours quelqu’un pour laver la vaisselle ? »

Néanmoins, Amrabat est rapidement repéré par l’Ajax, dont il intègre les équipes de jeunes. Mais à 16 ans, freiné par des blessures, il se voit congédier par la direction des Lanciers. Tout se casse la tronche pour Nordin, qui doit tout reprendre à zéro. Un mal pour un bien. « Grâce à ce revers, je sais maintenant comment les choses se passent dans la société. Je suis sorti du système à l’âge de 16 ans, alors que, à cet âge-là, les garçons dans le milieu du football ne s’intéressent vraiment qu’à ça. » Lui doit désormais penser différemment. Les trois années qui suivent, il évolue dans des équipes amateurs, au HSV De Zuidvogels et au SV Huizen. Surtout, en parallèle, Nordin cravache. Il a trouvé du boulot dans un restaurant étoilé local, le Spandershoeve, à Hilversum, toujours au nord du pays. « J’avais un travail à temps partiel au restaurant de Spandershoeve, oui. J’ai pris simplement mon annuaire téléphonique et j’ai appelé : « Oui bonjour, Nordin Amrabat. Vous cherchez toujours quelqu’un pour laver la vaisselle ? » Après une demi-année à faire la plonge, j’ai été autorisé à faire des desserts. Je pense qu’ils ont vu du potentiel en moi. »

Mais c’est surtout balle au pied que le talent d’Amrabat ne peut plus passer inaperçu. En 2006, à 19 ans, il est repéré par l’Almere City FC (anciennement nommé FC Omniworld), un club de D2 où il plante 14 pions lors de sa première saison. La suite coule de source : le joueur rejoint le PSV en 2008, avec lequel il enquille trois saisons pleines, avant de faire ses débuts internationaux en 2011. Une longue ascension, mais, aujourd’hui, Amrabat peut récolter les fruits de ses efforts. Son grand objectif ? « Remporter cette CAN » , une compétition qui échappe au Maroc depuis 1976. Histoire de s’offrir, à 32 ans passés, un ultime moment d’extase, avant d’éventuellement raccrocher sa cape de gladiateur.

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