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Alors, il donne quoi ce championnat chinois ?

Par Régis Delanoë
Alors, il donne quoi ce championnat chinois ?

La Chine veut s’imposer sur la planète football et ne lésine pas sur les moyens depuis quelques mois pour y parvenir. Après une première vague spectaculaire de transferts cet hiver, des stars continuent d’affluer cet été – Hulk et Graziano Pellè en tête – pour offrir au championnat local une vitrine de choix. Le grand bond en avant, c’est maintenant ?

La mappemonde du football est assez simple à appréhender. Il y a d’abord l’Europe, incontournable et surpuissante, avec son big 6 et ses satellites (Russie, Turquie, Pays-Bas…). Il y a aussi l’autre berceau historique du football, l’Amérique du Sud, qui peine à suivre économiquement, mais reste essentielle. L’Afrique, quasi insignifiante internationalement pour les mêmes raisons économiques, mais encore plus marquées. Et puis il y a le nouveau monde, ces terres où le ballon rond n’est populaire que depuis peu, où un marché existe, mais qui reste à défricher, des zones géographiques pour pionniers, attirés par la ruée vers l’or et l’exotisme. Si on écarte de ce cas l’Australie, qui reste assez largement en retrait, quatre territoires se tirent la bourre pour mettre en place ce football de demain, ou d’après-demain : les pays du Golfe (Qatar, EAU, Arabie saoudite), l’Inde, l’Amérique avec la MLS et la Chine avec la Chinese Super League.

Des quatre, la Chine est la zone d’implantation la plus récente, avec un championnat pro digne de ce nom fondé seulement en 2004, mais aussi clairement la plus dynamique, où circule le plus d’argent frais. L’hiver dernier, au moment où se préparait l’actuelle saison 2016, les 16 clubs du championnat chinois de première division ont dépensé pour près de 300 millions d’euros pour garnir leurs effectifs de stars étrangères. L’espace d’un mercato, la Chine a été de loin le pays le plus dépensier sur la planète foot, dépassant même les Anglais, spécialistes du genre. Jackson Martínez, Gervinho, Alex Teixeira, Fredy Guarín, Gaël Kakuta, Burak Yılmaz et d’autres gros noms ont débarqué en Chinese Super League, à des âges où l’on est encore loin de penser à raccrocher les crampons.

Plus de 25 000 spectateurs de moyenne

Un peu plus d’une demi-saison après ce mercato fou, le premier bilan à dresser est globalement positif. Au niveau des affluences dans les stades déjà, la hausse est significative : plus de 25 000 spectateurs de moyenne par match, contre 22 000 en 2015 et 19 000 en 2014. Le bassin de population est évidemment tout autre, mais ces chiffres placent désormais la Chine dans une bonne moyenne, y compris par rapport aux standards européens, entre les affluences de la Liga espagnole et celles de la Serie A italienne. Deux stades affichent plus de 40 000 spectateurs de moyenne par match en 2016 : le Tianhe stadium de Guangzhou et le Workers stadium de Pékin. Tous les clubs de CSL sont dotés de stades de grande capacité, la plus petite enceinte pouvant tout de même accueillir 28 000 places, ce qui laisse encore une grande marge de manœuvre. Les résultats des audiences télé ne sont pas divulgués, mais il doit y avoir un fort regain d’intérêt de la part des Chinois pour leur championnat, puisque la chaîne CMC a déboursé plus d’un milliard d’euros pour en détenir les droits sur les cinq prochaines années.

Un continent en passe d’être conquis

Dans le jeu, c’est encore loin d’être fou, mais il y a tout de même progression. La preuve, sur la scène continentale, les clubs chinois sont désormais les plus sérieux prétendants aux titres. Guangzhou Evergrande, le quintuple champion de Chine en titre, a remporté la Ligue des champions asiatique en 2013 et en 2015. Si l’équipe s’est bien plantée cette saison en se faisant sortir dès la phase de poules, deux autres formations chinoises sont en lice pour disputer les quarts de finale de la compétition : Shanghai SIPG et Shandong Luneng. C’est bien la preuve que le football chinois de club progresse. En comparaison, les franchises de MLS en Amérique du Nord se font quasi systématiquement ramasser par les voisins mexicains dans leur C1…

En Asie, les représentants chinois ont déjà largement comblé leur retard sur les Japonais, les Sud-Coréens, les Saoudiens ou les Qataris. La Chinese Super League est assez intéressante à suivre également, car elle reste indécise. L’ogre Guangzhou Evergrande est encore leader du classement en cette mi-saison 2016, mais sa domination n’est pas insurmontable pour la concurrence. La preuve, il vient de perdre cette semaine pour la deuxième fois de la saison dans le derby face à Guangzhou R&F. Cette contre-performance fait les affaires de la concurrence, Jiangsu Suning (l’équipe d’Alex Teixeira) et Shanghai SIPG, qui reviennent à respectivement 10 et 11 longueurs du leader.

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Hulk, Pellè, Papiss Cissé…

Shanghai SIPG surtout sera l’une des équipes à surveiller de près durant cette deuxième moitié de saison. La formation dirigée par Sven-Göran Eriksson, qui possédait déjà Asamoah Gyan, Elkeson et Dario Conca dans son effectif, vient de faire une folie en s’offrant les services du Brésilien Hulk contre une indemnité de 55 millions d’euros versée à son ancien club, le Zénith Saint-Pétersbourg. Les ressources financières des clubs chinois sont décidément infinies, et Hulk a déjà marqué pour ses débuts sous ses nouvelles couleurs, même s’il s’est blessé et a manqué les deux dernières rencontres. L’autre club à suivre dans cette deuxième partie de saison est l’autre formation en lice pour les quarts de la C1, Shandong Luneng, pourtant située en bas de classement à la 13e place, mais qui vient également d’agiter le mercato estival en s’offrant l’international italien Graziano Pellè et l’ancien attaquant de Newcastle Papiss Cissé.

Les deux ont aussi marqué dès leur arrivée en Chine (victoire 4-1 ce mercredi face à Hangzhou Lucheng). Leur équipe n’est qu’à 13 points du podium, dans un championnat serré qui laisse tout de même pas mal les joueurs locaux s’exprimer, chaque formation ne pouvant contenir au maximum que 6 joueurs étrangers. Au contact de Hulk, Pellè, Martinez et compagnie, sous la direction d’entraîneurs de renom comme Scolari, Eriksson, Magath ou Stojković, ces footballeurs chinois devraient logiquement pouvoir progresser et permettre dans un proche avenir à la sélection de disputer une nouvelle Coupe du monde. C’est l’autre défi du football chinois : faire grandir à la fois son football de club et de sélection. Il y a matière à se montrer optimisme : le nombre de licenciés a été quasi multiplié par 10 en seulement deux ans pour dépasser le million de joueurs.

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