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Ali Fergani : « Ce titre va faire du bien au pays »

Propos recueillis par Alexis Billebault
Ali Fergani : « Ce titre va faire du bien au pays »

L’Algérie est devenue championne d’Afrique pour la seconde fois de son histoire, vendredi, face au Sénégal. Ali Fergani, ancien milieu de terrain des Fennecs (64 sélections, cinq buts) puis sélectionneur, décrypte ce succès et l’influence évidente de Djamel Belmadi qui n’est pourtant là que depuis à peine un an.

L’Algérie est, de l’avis presque unanime, un beau champion d’Afrique. Pour vous aussi ?Oui. Si on enlève la finale qui n’a vraiment pas été très spectaculaire, je pense en toute objectivité qu’elle mérite son titre. Elle a produit un football de qualité, offensif et plutôt spectaculaire. Quand il a fallu défendre, elle a su le faire. C’est une équipe équilibrée.

Honnêtement, rares étaient ceux qui s’attendaient à la voir s’installer sur la première marche du podium…C’est vrai.

Belmadi gère son effectif avec équité : les plus performants jouent.

On pensait plutôt à l’Égypte, au Maroc ou au Sénégal… L’Algérie était considérée comme un outsider, car elle restait quand même sur quelques années difficiles. Il y avait eu depuis cinq ans et le départ de Vahid Halilhodžić (huitième-de-finaliste en 2014 au Brésil, N.D.L.R.) beaucoup d’instabilité, avec de nombreux sélectionneurs (Christian Gourcuff, Nabil Neghiz, Milovan Rajevac, Georges Leekens, Lucas Alcaraz, Rabah Madjer). La Fédération, sous Raouraoua puis Zetchi, avait fait de mauvais choix. Alcaraz, par exemple, personne n’avait vraiment compris.

Y avait-il une sorte de désamour des Algériens pour leur sélection ?Non, mais ils se posaient des questions. Beaucoup de sélectionneurs, pas de résultat : ils doutaient, forcément. Et Belmadi, au départ, n’était pas le premier choix. En plus, il n’était pas libre à l’époque. Mais on savait qu’il avait obtenu de bons résultats au Qatar avec la sélection et avec Al-Duhail, que c’était quelqu’un d’ambitieux. Mais il n’est arrivé qu’en août 2018, et on ne pensait pas qu’il parviendrait à un tel résultat en si peu de temps.

Comment expliquez-vous sa réussite ?Comme je l’ai dit, il est ambitieux. Pour cela, il a su faire les bons choix. Par exemple, il a gardé confiance en M’Bolhi et Feghouli. Feghouli a travaillé au milieu, en défense et en attaque !

Lors de la CAN, à partir du premier match face au Kenya, l’équipe n’a cessé de s’améliorer et de monter en puissance. Le match contre le Sénégal, au premier tour, a également été important.

Il a également responsabilisé Mahrez, en lui donnant le brassard de capitaine. Mahrez, ce n’est pas un aboyeur, mais c’est un leader par ses performances sur le terrain. Il a fait confiance, aussi, à Benaccer qui a fait une très grosse CAN à un poste que je connais bien, puisque c’était le mien. Bounedjah, quant à lui, a été une révélation. C’est un attaquant qui se bat sur tous les ballons, qui travaille beaucoup défensivement. En fait, Belmadi gère son effectif avec équité : les plus performants jouent. Brahimi, par exemple, est revenu de sa blessure, mais Belmadi a continué de lui préférer Belaïli, car celui-ci était presque irréprochable. Le coach gère bien son effectif, et tout le monde est impliqué, même ceux qui ne jouent pas ou peu.

À quel moment, depuis la nomination de Belmadi, la bascule s’est-elle opérée ?Je pense que le match gagné au Togo (4-1, le 18 novembre 2018), en qualifications pour la CAN, a été un tournant. Ce jour-là, la sélection avait gagné avec la manière face à une bonne équipe sur un terrain difficile. Mahrez avait inscrit un doublé, d’ailleurs.

Les Algériens souhaitent le changement, ils le réclament sans violence.

Il s’était passé quelque chose, à Lomé. Lors de la CAN, à partir du premier match face au Kenya (2-0), l’équipe n’a cessé de s’améliorer et de monter en puissance. Le match contre le Sénégal, au premier tour (1-0), a également été important. C’est, probablement, après le succès contre la Guinée (3-0) que les gens ont commencé à vraiment croire qu’aller au bout était possible. Et même si cela s’était arrêté en quarts de finale, la CAN aurait été considérée comme réussie…

Ce titre devrait permettre à Belmadi de travailler dans la sérénité, même s’il devrait faire l’objet de sollicitations.Qu’il soit sollicité, à un moment ou à un autre, sera normal, mais je ne pense pas qu’il ait envie de partir. Il va commencer les qualifications pour la CAN 2021 (avec la Zambie, le Botswana et le Zimbabwe comme adversaires), il y aura celles de la Coupe du monde 2022 au Qatar… Et je suis persuadé qu’au fond de lui, Belmadi a envie de qualifier son équipe pour une compétition qui aura lieu dans un pays qu’il connaît parfaitement.

L’accueil réservé à la sélection, dans un contexte social et politique compliqué, a été particulièrement triomphal !Ce titre va faire du bien au pays, au peuple.

La sélection est devenue championne d’Afrique un vendredi. Or, cela fait 22 vendredis que les gens manifestent…

Elle va aider le peuple, qui est en train de mener une révolution avec le sourire pour aboutir à une vraie démocratie. Les Algériens souhaitent le changement, ils le réclament sans violence. Leur sélection s’est imposée en Égypte en montrant une belle image, et elle est devenue championne d’Afrique un vendredi. Or, cela fait 22 vendredis que les gens manifestent…

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Propos recueillis par Alexis Billebault

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