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Alexis Blin : « Lecce est une équipe qui sait souffrir »

Propos recueillis par Eric Maggiori, pour le podcast Serie Aperitivo

Vainqueur du Genoa ce week-end, Lecce s’est incrusté sur le podium de Serie A. À l’heure de se déplacer pour affronter la Juventus, l’un de ses quatre Francesi du club, Alexis Blin, a pris quelques minutes pour raconter ce début de saison canon.

Alexis Blin : « Lecce est une équipe qui sait souffrir »

11 points en 5 journées, 3e place au classement : Lecce vit un super début de saison.

Bah ouais, c’est le tube de l’été ! (Rires.) En vérité, on prend les résultats avec plaisir, presque avec surprise, on ne s’attendait évidemment pas à être à cette place-là au classement après 5 journées, tout en étant invaincus. La trêve internationale ne nous a pas coupés dans notre élan, donc ça, c’est top. C’est toujours gratifiant de commencer une saison de la sorte, tu te dis que tu as bien bossé pendant l’été, et que tout le monde tire dans le même sens.

Que vous a apporté le nouveau coach, Roberto D’Aversa ?

Ce n’est pas facile pour lui d’arriver après une montée et un maintien obtenus par Marco Baroni, car le travail qui avait été effectué auparavant était déjà excellent. Roberto D’Aversa est arrivé avec des idées, un projet de jeu en tête, et ça a été totalement accepté par tout l’effectif. Là, ça fait six matchs – si on compte aussi le premier tour de la Coupe d’Italie –, et pour l’instant ça marche, on a fait quatre victoires et deux nuls. Je pense que ça doit aussi lui donner de la confiance (D’Aversa n’avait pas coaché depuis son licenciement de la Sampdoria en janvier 2022, NDLR), car ça valide son travail depuis son arrivée. Et c’est évidemment positif pour nous, parce qu’on sent que la mayonnaise prend.

Le fonctionnement du club fait qu’on ne recrute pas des joueurs à 10 millions, on recrute plutôt des joueurs à 1 ou 2 millions qui ont tout à prouver.

Alexis Blin

Quand on commence une saison aussi bien, est-ce qu’on se met à parler d’autre chose que de maintien ?

Non, on ne peut pas. Toujours une grande humilité, tu es obligé de dire que tu vises le maintien quand tu es monté il y a seulement un an. On ne va pas arriver et dire que ça y est, on joue la qualif en Europe. (Rires.) Le fonctionnement du club fait qu’on ne recrute pas des joueurs à 10 millions, on recrute plutôt des joueurs à 1 ou 2 millions qui ont tout à prouver, donc ce serait un peu naïf de notre part de croire qu’on peut aller disputer l’Europe aux grosses écuries du championnat.

D’ailleurs, en parlant de grosses écuries, ce mardi vous jouez la Juventus, et ce week-end vous recevez Naples.

Oui, mais ce sont vraiment deux rendez-vous que l’on prépare de manière détendue, parce que quand tu vas jouer à Turin et que t’es Lecce, tu te dis que tu n’as rien à perdre. Et c’est ce qui peut aussi faire notre force. Même chose contre Naples. Je trouve que ce sont les matchs les plus faciles, entre guillemets, à aborder, parce que tu joues sans arrière-pensée, tu lâches les chevaux, et tu te donnes à fond. Les matchs plus couperets contre des concurrents directs au maintien, là tu vas avoir plus de pression. Mais jouer la Juve ou Naples, ce n’est que du bonus. D’ailleurs, l’an dernier, on est l’une des seules équipes à avoir pris un point à Naples (1-1), alors qu’ils mettaient des cartons à tout le monde. On est une équipe qui sait souffrir.

Le fait d’avoir déjà une saison de Serie A dans les pattes, ça change les choses vis-à-vis de vos adversaires ?

Je pense, oui. Il n’y a pas de vérité absolue, mais après avoir passé une saison en Serie A et s’être maintenus, on a gagné le respect de nos adversaires. On est un peu plus craints, un peu plus respectés, et du coup on peut mieux imposer notre jeu. Bon, après, je dis ça, mais je sais aussi que le foot, ça va vite, et que peut-être que dans trois semaines, ça aura tourné. Mais on s’est aussi préparés à vivre des moments où l’on sera dans le dur, car il y en aura. Et c’est dans ces moments-là qu’il faudra être le plus soudé.

Le groupe qui était là en Serie B a quasiment totalement changé. Si tu compares les effectifs, je ne sais pas si tu peux sortir 4-5 joueurs qui étaient là en Serie B.

Alexis Blin

Toi, tu entames ta troisième saison à Lecce, tu as connu la Serie B, puis la montée en Serie A. Comment ce groupe a-t-il évolué depuis que tu es arrivé ?

Je ne vais pas te mentir, ici en Italie, il y a de gros roulements d’effectif. Le groupe qui était là en Serie B a quasiment totalement changé. Si tu compares les effectifs, je ne sais pas si tu peux sortir 4-5 joueurs qui étaient là en Serie B. Mais c’est aussi le fonctionnement du club. La politique du club fait qu’il recrute beaucoup de joueurs étrangers et des jeunes joueurs qui ont tous quelque chose à prouver. Donc aux entraînements, tout le monde est à fond, tout le monde la ferme, et ça fonctionne bien.

Vous êtes d’ailleurs quatre Français dans l’effectif, pour l’intégration, c’est plutôt cool.

Oui, c’est super. Quand je suis arrivé, j’étais le seul Français. Valentin Gendrey, qui était mon coéquipier à Amiens, m’a rejoint deux semaines après. Effectivement, pour notre intégration, c’était top, on pouvait se parler en français, ça donnait des repères. L’an dernier, Rémi Oudin est arrivé, et cet été Mohamed Kaba. Si tu ajoutes le Tunisien Hamza Rafia et l’Algérien Ahmed Touba, on est désormais six francophones dans l’effectif. L’année dernière, il y avait aussi Samuel Umtiti, on s’entendait très bien avec lui, c’est sûr que c’est beaucoup plus simple pour te sentir à l’aise dans un collectif.

Tu as connu la Ligue 1 avec Toulouse et Amiens. Quelles sont les différences entre le championnat de France et le championnat d’Italie ?

Il n’y a pas énormément de différences. On pense souvent, à tort, que la Ligue 1 est un championnat plus facile, mais ce n’est pas vrai, c’est un championnat difficile aussi. Si je devais cibler deux différences, je dirais l’implication des très jeunes joueurs et les entraînements. En France, il y a plus de jeunes joueurs qui démarrent dès 18-19 ans, du coup c’est un peu la fougue dans pas mal d’équipes. Ici, les jeunes démarrent plus tard, plutôt 22-23 ans, un jeune devra plus prouver avant de démarrer en Serie A. Ensuite, les méthodes d’entraînement sont vraiment différentes de ce qui se fait en France. En France, une semaine typique, c’était : lundi reprise technique tranquille, mardi l’intensité augmente, ensuite grosse séance le mercredi, puis ça se calme jusqu’au match du week-end. Là, c’est le contraire : dès le lundi, t’as une grosse séance qui va venir taper dans les jambes parce qu’ils veulent qu’on garde toujours le rythme, qu’il n’y ait jamais de relâchement physique. Mais sinon dans l’ensemble, je trouve quand même que les deux championnats se ressemblent.

En France, il y a plus de jeunes joueurs qui démarrent dès 18-19 ans, du coup c’est un peu la fougue dans pas mal d’équipes. Ici, les jeunes démarrent plus tard, plutôt 22-23 ans, un jeune devra plus prouver avant de démarrer en Serie A.

Alexis Blin

Comment est la vie dans le sud de l’Italie ?

Bah franchement, il fait bon vivre à Lecce, la vie y est agréable, on a la plage des deux côtés de la ville. Là, on est fin septembre, il fait 30 degrés, de quoi veux-tu que je me plaigne ?

Petit pronostic pour finir : qui va remporter la Serie A cette saison ?

Je vais me mouiller un peu et je vais dire l’Inter. Pour les avoir joués déjà la saison dernière, ils sont vraiment forts. C’est fort sur toutes les lignes en fait, ils ont une défense solide, au milieu c’est très costaud aussi, et offensivement, bah entre Lautaro, Thuram, Arnautovic et Sanchez, il y a quand même un sacré attirail. Je vous en reparlerai quand on les aura joués. (Rires.)

Propos recueillis par Eric Maggiori, pour le podcast Serie Aperitivo

Et toute l'actualité du foot italien à écouter dans notre podcast Serie Aperitivo, animé par Andrea Chazy et Eric Maggiori.

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