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Alex Teixeira, d’une favela à la guerre

Par Raphael Gaftarnik
Alex Teixeira, d’une favela à la guerre

Face au Real Madrid, il sera l'arme principale des Ukrainiens de Donetsk. Alex Teixeira, 25 ans et toutes ses dents, perpétue la longue tradition des pépites brésiliennes passées par le Shaktar. Et pourrait, après être sorti des favelas et du conflit actuel avec la Russie, suivre le chemin de ses prédécesseurs vers un grand club.

Willian, Douglas Costa, Fernandinho, Luiz Adriano… La liste des Brésiliens passés par le Shakhtar Donetsk et revendu à prix d’or est loin d’être exhaustive. Pourtant, elle ne comporte toujours pas le nom d’Alex Teixeira, débarqué fin 2009 en Ukraine. Dernier larron ou presque d’une bande promise au succès, le milieu de terrain offensif reste pour l’instant accroché à l’écurie orangée. Un manque de talent pour poursuivre au niveau supérieur ? Une fidélité à toute épreuve envers Mircea Lucescu, son entraîneur ? Ou une simple question de circonstances ? Au fond, la réponse ne tient aucunement des trois et l’affaire juste à une question de temps. Car à mesure que ses camarades auriverde se sont évaporés dans les grands clubs européens, Teixeira, lui, a pris la mesure de son équipe jusqu’à en prendre les rênes. Et ce, même au milieu du conflit qui agite l’Ukraine et la Russie.

Le choix dans la favela

Alex Teixeira a pourtant eu l’occasion de rallier une Europe moins minée par les guerres de territoire. Issu de l’école de Vasco de Gama, le gamin excelle sous ses premières couleurs, alternant entre gestes techniques et surclassement en catégories supérieures. L’histoire du gamin, elle, n’a rien de bien différent de celle de nombreux joueurs brésiliens sortis des favelas à l’aide de leurs pieds : « J’habitais à 40 minutes de voiture de Rio. Parfois, les parents ne font pas assez attention à leurs enfants et ils deviennent des criminels. Par exemple, dealer de la drogue est le plus facile pour les jeunes gens de la favela. Leur approche, c’est : pourquoi étudier ? Pourquoi jouer à quelque chose ? Surtout si vous pouvez gagner de l’argent en tuant des gens… » Mais Teixeira est un gamin sans histoire et comprend très vite que le football sera sa porte de sortie. Pourtant, Chelsea et Manchester City se cassent les dents sur le transfert du garçon de 16 ans, qui empruntera finalement la route moins conventionnelle de l’Ukraine et du Shaktar pour rallier l’Europe en échange de 6 millions d’euros. Le début d’une aventure pas comme les autres.

Le faux départ

Couvé par Matuzalem, chef de la colonie brésilienne, lors de son arrivée, Teixeira prend peu à peu ses marques au milieu de ses compatriotes. Des lignes de stats honorables lors de ses quatre premières saisons, mais surtout, la promesse d’un joueur doté d’une finesse technique sans égal, d’une vitesse d’exécution déconcertante et, surtout, d’une habilité affichée devant le but. Problème à l’été 2014, l’Ukraine est un pays à fuir et Teixeira, accompagné de cinq autres joueurs (Fred, Dentinho, Douglas Costa, Ismaili et Fereyra), décide de se faire la malle, profitant d’un match amical face à Lyon et d’une escale à Genève pour ce faire. Lucescu criera à la manipulation d’un tiers : « C’est un coup de l’agent Kia Joorabchian, Il a profité de la situation pour les enlever. C’est un kidnapping. Ces joueurs sont jeunes, il a réussi à les convaincre de ne pas rentrer, leur expliquant qu’ils seraient bientôt libres et qu’ils pourraient prochainement signer dans un autre club. C’est un pur scandale. Ce sont des joueurs importants pour moi. »

L’éclosion

Finalement rentré à Donetsk, ou plutôt à Lviv, où l’équipe s’entraîne désormais, Teixeira donne raison aux paroles de son coach. 17 buts la saison passée, et le joueur s’affirme comme la relève d’une attaque désertée par ses illustres compatriotes. Cette saison, il est d’ailleurs reparti sur les mêmes bases, inscrivant 7 buts en 6 rencontres de championnat. Mieux, Lucescu lui a confié le rôle de vice-capitaine : « Ce n’est pas seulement le leader des Brésiliens, c’est le leader technique de l’équipe. » Alors, en attendant de se faire charmer par une plus grosse écurie, Teixeira aura à cœur de mener à bien ce qui ressemble à sa dernière saison en Ukraine.

Clin d’œil du destin, le joueur a même pu profiter d’un stage de pré-saison en début d’année au Brésil pour se préparer au mieux. Là-bas, il a pu faire admirer à ses coéquipiers sa propriété de Rio. Pas celle de son enfance, mais celle située en plein dans les quartiers riches de la ville : « Quand je suis arrivé au Shakhtar, j’ai eu l’opportunité de pouvoir m’acheter une maison comme celle-ci, dans cet endroit merveilleux. Et puis je préfère m’entraîner sous 40 degrés que sous -20. » Les clubs disposant d’un climat plus tempéré n’attendent que lui.

Par Raphael Gaftarnik

Propos de Teixeira tirés du site officiel du Shakhtar, de Lucescu du site du Shaktar et de L'Équipe.

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