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Adrien Rabiot, le chaud et le froid
Auteur d’un doublé en milieu de semaine dernière en Ligue des champions, Adrien Rabiot a déchanté ce week-end en sombrant en même temps que son équipe face à l’AC Milan. Peu importe ses performances, l’ancien Parisien reste tout de même une pièce maîtresse de la Juventus de Massimiliano Allegri... et des Bleus de Didier Deschamps ?
« En Italie, vous ne retenez que les buts. Je suis content, mais le football, ce n’est pas que mettre des buts. » Un brin revanchard, Adrien Rabiot lâche ce tacle glissé aux journalistes italiens après son doublé, son premier en Ligue des champions, inscrit face au Maccabi Haifa (3-1) mercredi dernier. De retour sur les terrains, l’international français a alterné le chaud et le froid. Très bon face à Bologne et donc au Maccabi, le milieu de terrain s’est complètement éteint, à l’image de son équipe, face au Milan (0-2) ce samedi. Un bon résumé de l’aventure à la Juve de Rabiot, entre des coups d’éclat et des prestations peu convaincantes dans un club où plus grand-chose ne va. Ce qui ne l’empêche pas d’être un homme de base de Massimiliano Allegri (il est titulaire dès qu’il est disponible) et donc de prétendre à une place chez les Bleus au Mondial.
Le chouchou d’Allegri
Depuis son retour dans le Piémont à l’été 2021, Allegri a fait d’Adrien Rabiot un cadre de son équipe. La saison dernière, le gaucher a disputé près de 3358 minutes avec la tunique blanc et noir, soit le troisième joueur le plus utilisé derrière Szczęsny et Cuadrado. Une confiance reconduite lors de l’exercice en cours, au point que le technicien italien tire la tronche à chaque absence de son protégé. « Rabiot nous manque énormément en ce moment. Beaucoup le critiquent, mais il fait toujours une quinzaine de bonnes choses par match. Il pèse énormément dans le jeu, car il a la technique, mais aussi le physique », lâchait-il récemment en conférence de presse avant la rencontre face à Monza. Et si la Vieille Dame semble bien rabougrie ces derniers mois, elle l’est encore plus quand le Français n’est pas là avec un bilan d’une victoire, deux nuls et deux défaites en cinq matchs joués sans le milieu aux boucles brunes.
50 – Adrien Rabiot has found the net after 50 appearances without scoring in all competitions; his last goal was back on 23 May 2021, against Bologna, in Serie A. Return.#JuventusMaccabiHaifa #UCL pic.twitter.com/NeglKpHVHc
— OptaPaolo ? (@OptaPaolo) October 5, 2022
Le constat est simple : quand tout roule à la Juve, Rabiot est à son avantage et peut même être celui qui donne le rythme à son équipe. En revanche, quand celle-ci n’a pas le contrôle de la partie et qu’elle perd le fil, le Français a également tendance à se cacher, voire à s’effondrer. Ce samedi, l’ancien Parisien n’a pas été au niveau techniquement, se retrouvant même à devoir multiplier les efforts défensifs et contenir l’activité du trio milanais Bennacer-Tonali-Brahim Diaz, au détriment de la créativité offensive. Une tâche ingrate qui ne lui convient pas (aucune passe clé, une seule interception et un pourcentage de passes réussies de 87%).
Le positionnement dans lequel l’ancien pensionnaire du Camp des Loges semble le plus épanoui reste celui de milieu relayeur, comme ce fut le cas mercredi dernier en Ligue des champions. Certes, l’adversaire était plus faible, mais dans ce 4-3-3, Adrien Rabiot disposait de Leandro Paredes à ses côtés (et McKennie), et l’Argentin fait preuve d’une importante activité à la récupération. Sa présence a donc permis à l’international français de se montrer plus créatif et percutant sur ses prises de balle.
Une place assurée au Qatar ?
Didier Deschamps a-t-il seulement besoin de voir Rabiot briller contre le Maccabi le mercredi soir pour glisser son nom dans la liste qui fera vibrer l’Hexagone dans un mois ? Tout a changé depuis 2018, à l’époque où le milieu décidait de snober l’équipe de France, ou en tout cas son statut de réserviste. Cette fois, le gamin du 94 devrait être de la partie au Qatar, tant le sélectionneur semble être réconcilié avec celui qu’il avait laissé de côté pendant quelque temps à la suite de ce fâcheux épisode. Depuis son retour en août 2020, Rabiot est toujours convoqué à partir du moment où il est apte. Mieux, il a servi de couteau suisse à DD, dépannant comme latéral à l’Euro, où il n’avait pas été le pire élément, ou campant en Ligue des nations un rôle à la Matuidi.
Des prestations convaincantes au milieu d’autres beaucoup moins radieuses, pour ne pas écrire totalement neutres. Là aussi, il peut être question de son utilisation. En juin dernier face à la Croatie, Deschamps l’a de nouveau aligné milieu gauche, un poste qui ne semble pas coller à ses qualités. Le mois dernier, Rabiot, touché au mollet, a pu observer les Bleus à la télé et n’a pas dû se faire beaucoup de mouron en voyant le milieu se noyer au Danemark. Eduardo Camavinga n’a pas marqué de points, Youssouf Fofana quelques-uns, et Matteo Guendouzi n’a pas trop eu l’occasion de se montrer. Il en faudra plus pour que Rabiot ressemble à un titulaire indiscutable au Qatar, mais le joueur de la Juve doit savoir au fond de lui qu’il ne devrait cette fois pas faire partie des réservistes.
Tristan Pubert