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Inter : un plafond de verre à briser

Par Adrien Candau
Inter : un plafond de verre à briser

Seconde de Serie A mais larguée à quinze unités du Napoli, l’Inter de Simone Inzaghi s’est tactiquement calcifiée dans un 3-5-2 efficace, mais prévisible. À l’heure de défier Porto ce mercredi, le Mister Simone Inzaghi va devoir prouver une bonne fois pour toutes que sa méthode a la classe européenne.

Un soir de Serie A, il paraît que Simone Inzaghi est tombé amoureux. Fraîchement nommé entraîneur de la Lazio, le frangin de Pippo voyait ses Biancocelesti méthodiquement éparpiller Palerme 6-2, sur la pelouse de l’Olimpico. Ce 23 avril 2017, ce succès portait entre autres choses la marque d’une organisation pas encore complètement remise au goût du jour : le 3-5-2. Une formation pour les uns, un sacerdoce pour « Inzaghino » : depuis cette date fatidique, le Mister n’aura plus changé de disposition sur le pré. Encore mieux : c’est autour de ce système qu’il aura fait graviter l’ensemble de sa réflexion tactique. En Italie, ces dernières années, personne d’autre que lui n’aura su mieux déceler les nuances de ce système, en creuser les complexités et aspérités avant, enfin, de se heurter aux impondérables limites du genre. Séduisant dauphin de Serie A à trois points de l’AC Milan l’année dernière, l’Inter – où officie Inzaghi depuis 2021 – se retrouve cette saison reléguée à quinze unités du leader napolitain. Si elle parvient à se défaire en deux temps du FC Porto, elle aura en revanche l’opportunité de voir un tour de plus de Ligue des champions que la saison passée. Mais pour faire quoi, exactement ?

Splendeurs et misères du 3-5-2

Ce 13 février dernier, face à la Sampdoria (0-0), Nicolò Barella lève pour une énième fois les bras au ciel, en signe d’exaspération. Une fois de trop pour Romelu Lukaku, qui demande à son bouillonnant coéquipier de la boucler. Simone Inzaghi devra réparer les pots cassés en conférence de presse, mais la séquence synthétise peu ou prou les contradictions présentes de l’Inter : pas foutus de bouger une Samp’ 19e de Serie A, les Nerazzurri ont pourtant impérialement dominé le Napoli sur leur pelouse un mois plus tôt. La seule et unique défaite des Partenopei en championnat cette saison. Vous avez dit bizarre ? Sans doute, même si le cas de l’Inter est davantage singulier qu’inexplicable. Pour comprendre les forces et faiblesses de son équipe, il faut se figurer Simone Inzaghi en chercheur d’or compulsif, obsédé par l’idée de creuser le même filon jusqu’à épuisement. En cours de route, le Mister a excavé quelques merveilles, mais le forage pourrait bien progressivement se tarir, mois après mois. L’année dernière, l’Inter tournait à 2,21 points par match en Serie A, et était restée jusqu’à la dernière journée dans la course au titre. Cette saison, elle affiche deux unités par rencontre, et a déjà dit ciao au Scudetto. La faute – ou le mérite, c’est selon – au sacro-saint 3-5-2 d’Inzaghi. Structurellement, le système de l’ancien Laziale offre des garanties impondérables à son équipe. Très bien assimilé par ses joueurs, il permet à l’Inter de déployer un jeu fondamentalement moderne et offensif. À savoir, un pressing très haut et agressif, des pistons libérés sur les côtés et un milieu de terrain joueur, où le poste devant la défense est occupé par un élément créatif (Çalhanoğlu ou Brozović) plutôt que par un profil davantage défensif. En somme, le squelette nerazzurro est costaud : le liant entre les lignes assure une limpidité collective suffisamment satisfaisante pour assurer la projection des pistons (l’Inter est l’équipe qui centre le plus en Serie A) et alimenter en ballons les attaquants – Lautaro Martínez et Edin Džeko – 13 et 7 buts en championnat.

Problème : les articulations de l’ossature bleu et noir sont visibles. Parfois trop. Cette saison, l’Udinese et la Roma – positionnées en bloc bas – auront défait les Lombards en neutralisant leurs points névralgiques. L’Inter perd notoirement en créativité quand Alessandro Bastoni est gêné pour piloter la relance derrière, que Nicolò Barella est suivi de trop près dans l’entrejeu et quand Federico Dimarco ne peut plus multiplier les échappées sur son côté gauche. Quand ces trois éléments sont sous étouffoir, le 3-5-2 nerazzurro devient prévisible, ses penchants offensifs stériles l’exposant aux contres adversaires. Inzaghi, qui n’a ni plan B ni formation de secours, peut alors vite se retrouver à cours de solutions sur son banc. S’il n’est pas dénué de virtuosité collective, son football n’est, à titre d’exemple, pas aussi liquide et versatile que celui qu’est capable de proposer le Napoli cette saison : théoriquement organisée en 4-3-3, la formation azzurra peut aisément muer en 4-4-2 en ou 4-2-3-1, pour s’adapter aux circonstances d’une action ou d’une phase de jeu. Le plus souvent, dans l’optique de créer une supériorité numérique dans une zone spécifique du terrain. Pas aussi flexible, le club lombard défiera donc le Porto de Conceição – réputé pour sa rigueur défensive – avec les qualités et défauts qu’on lui connaît. Si Simone Inzaghi parvient à ses fins, il qualifierait tout de même l’Inter pour son premier quart de finale de C1 depuis 2011. Prouvant, par la même occasion, que son filon tactique a encore de belles choses à offrir.

Par Adrien Candau

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