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À mort les flocages humoristiques !

Un homme en colère
À mort les flocages humoristiques !

Ils sont de plus en plus nombreux. Qui ça ? Les flocages humoristiques. Pourquoi ? Difficile à expliquer. Pouvons-nous les empêcher ? Difficile à croire. Mais nous pouvons toujours en parler et, ainsi, à notre façon, résister.

Il est partout. Dans les villes. Dans les campagnes. Dans la rue. Dans les tribunes de tous les stades officiels comme sur le bitume de n’importe quel city stade. Lui, c’est le flocage personnalisé. Le « Stéphanus, n°9 » ou le « Martinho n°10 » . Il ne fait de mal à personne, certes, mais il peut toutefois se montrer particulièrement agaçant quand il s’essaie à l’humour. Toujours raté, souvent pathétique, il pique les yeux de celui qui s’attendait à voir le nom de la star actuelle de l’équipe ou d’une gloire locale d’antan. Récemment, on l’a vu se promener dans les travées du Parc des Princes sous la forme de « Se Queda, n°10 » , accompagné d’un encore plus gênant « Sequedapas, n°10. »

LOL

Mais merde, pourquoi ? Pourquoi se diriger vers la boutique officielle d’un club et effectuer une telle demande ? Pourquoi jeter cent euros par la fenêtre du ridicule ? Il est temps de se reprendre. De se respecter un peu.

Un maillot sur deux est personnalisé

Bien entendu, nous ne parlons pas ici d’un phénomène récent. Dans sa forme la plus respectable, ou plutôt la moins détestable – le nom ou le surnom – le flocage personnalisé affiche déjà quelques kilomètres au compteur. Et c’est normal. Il n’y a rien de honteux à vouloir inscrire son prénom au dos du maillot de son club préféré. Enfin, lorsque l’on a moins de quinze ans. C’est même un passage quasiment obligé. D’ailleurs, la pratique est loin de s’essouffler comme en témoigne Thibaut, responsable de la boutique des Girondins de Bordeaux : « Les flocages personnalisés représentent environ une demande sur deux. » Un bilan comptable que confirme Quentin, vendeur à la boutique de Guingamp : « On a neuf maillots sur dix qui sont floqués, et parmi les floqués, près de la moitié sont personnalisés. » Des chiffres qui font tout d’abord froid dans le dos, avant que Thibaut se montre rassurant dans la foulée, expliquant que ces demandes émanent principalement « d’enfants ou de jeunes, donc on reste sur le prénom ou le nom. » Ouf ! Que des mômes rêvent en marquant des buts avec le maillot de leur club portant leur prénom, c’est presque beau. Bref, le problème n’est pas là. Non, le problème, c’est que le flocage personnalisé est vicieux. Qu’il prolifère, se multiplie. Sans règle, sans contrôle. En toute liberté. Et, finit, irrémédiablement, par se vautrer dans le mauvais goût. Car, non, le « Se Queda » du Parc n’est pas un flocage isolé. Loin de là. Il a un cousin, du côté de Marseille, que l’on a aperçu dans les tribunes du Vélodrome. Sa blague à lui ? « Remontada, n°6-1. » Dur. Très dur. Putain de dur, même.

Mais cette faute de goût n’est pas l’apanage de notre nation. De l’autre côté de la Manche, l’année dernière, dans la ville de Manchester, un individu, trop content des signatures de Pogba et Ibrahimovic, a fièrement demandé le flocage : « Pogbahimovic, n°69. » Le tout sans être condamné. En toute impunité. Pourtant, Metro Sport avait essayé de dénoncer cet acte, estimant que ce maillot était « la chose la plus embarrassante qui soit arrivée au club en cent trente-huit ans d’histoire » . Des paroles criantes de vérité.

« Capitaine, oh mon Capitaine »

Dans les boutiques officielles, pourtant, on essaie de limiter les tentatives d’humour floquées sur des maillots à 80 boules. Surtout si elles incitent à la haine : « La direction interdit les flocages provocateurs. Par exemple, chez nous, on n’a pas mal de demandes « Anti-OM » ou ce genre de choses, mais ça, on n’a pas le droit de le faire, explique Thibaut. De la même façon, lorsqu’on vient nous demander un flocage Neymar sur le maillot de Bordeaux, là c’est pareil, on n’est pas autorisés à le faire. On ne peut pas floquer un nom de joueur qui appartient à une autre équipe. » Encore heureux, merde. Même le prix tend à limiter ce genre de pratique. Ainsi, du côté de Bordeaux, le flocage perso coûte cinq euros de plus que celui d’un joueur officiel (vingt euros contre quinze). Mais pas de quoi décourager les plus déterminés. Surtout quand ils sont décidés à faire une bonne blague à un pote. Quentin : « Dans les demandes les plus saugrenues on a eu « Capitaine, oh mon Capitaine » pour un marin. On a eu aussi un « Paul la Pute » pour le cadeau des 18 ans d’un jeune. Un truc comme ça, par exemple, ça nous fait marrer, mais c’est évident que le maillot ne sera pas sur notre devanture (rires). » On ne peut pas lutter contre la vanne d’amis ou de membres d’une famille. Encore moins contre leur amour : « Des fois, on a des choses mignonnes, détaille Quentin, comme « Je t’aime Papa » pour la fête des pères. » Émouvant, hein ? Mais attention, ne nous laissons pas attendrir ! Ne baissons pas la garde ! Nous avons déjà trop croisé de « Parisiens, 75 » , « Girondins, 33 » , « Lyonnais, 69 » et ainsi de suite… Si ces derniers peuvent être, à la limite, tolérés, faisons en sorte d’en rester là. Évitons de voir les équipements de nos clubs devenir de vulgaires t-shirts à messages comme ceux qui pullulent dans nos rues. Revenons-en au basique. Le maillot simple. Peut-être même sans flocage. Sans fioritures. N’oublions pas, surtout, que l’humour n’est pas toujours obligatoire. Surtout quand il n’est pas drôle. Surtout quand il coute cent euros. Surtout sur un putain de maillot de foot.

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