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À la Jémez du Rayo

Par Robin Delorme, à Madrid
À la Jémez du Rayo

Supporters fous, stade démembré, football insolent et coach atypique. Sans l'un de ses traits, le Rayo ne serait pas le Rayo. Club le plus en marge du football espagnol, l'équipe de Vallecas doit en grande partie sa survie à Paco Jémez, un entraîneur tout aussi fort en gueule que fin tacticien.

« L’image du football espagnol est également le Rayo Vallecano. C’est une petite équipe qui joue un football fantastique. » L’éloge est signé Carlo Ancelotti. Invité à débattre sur la qualité du football outre-Pyrénées sur les ondes de la radio Cadena Ser, l’entraîneur du Real Madrid a vanté les mérites de la seule équipe de quartier de Liga. Une bande de joyeux lurons incapables de gérer un résultat – en témoigne leur série de trois défaites consécutives, la précédente étant de trois victoires en quatre rencontres – qui préfère opter pour un football total sans un kopeck en poche. Chef d’orchestre des gars de Vallecas, Paco Jémez. À la tête du Rayo depuis juin 2012, le natif de Las Palmas est un vieux loubard des prés espagnols. Son crâne dégarni, ses oreilles écartées et son franc-parler en font un personnage indispensable du championnat à trois têtes. Ses talents tactiques également. Car plus qu’un Rolland Courbis à la sauce ibère, Paco Jémez est un fin tacticien loué par tous ses pairs, ses protégés et ses adversaires. Zinédine Zidane mis à part.

Flamenco, Furia Roja et Guardiola

Paco Jémez, c’est d’abord un mélange des différentes cultures qui habitent l’Espagne. « Mon père, qui est le chanteur de flamenco Lucas de Écija, est venu à Las Palmas pour travailler dans une salle de spectacle. Ils m’ont raconté que j’étais né près de l’église du Christ, à Guanarteme, se souvenait-il en 2010 dans les colonnes du Diario de Las Palmas. Le contrat était de trois mois, mais il a été prolongé d’un an. Après, je suis revenu à Córdoba et c’est ici que j’ai grandi. » Défenseur central, Paco n’était pas connu pour être un poète des prés. Plus enclin à mener la furia Roja – avec laquelle il compte 21 sélections, dont le quart de l’Euro 2000 face à la France – que le toque, il écrit sa carrière entre le Real Saragosse, le Deportivo La Corogne et le Rayo Vallecano. Retraité en 2006, il commence illico sa carrière d’entraîneur. Du RSD Alcala, à Córdoba (par deux fois) au FC Cartagena, il traverse l’Espagne et se plaît dans sa vie de nomade, même si sa femme « ne s’y fait pas trop » . En juin 2012, Mme Jémez sera comblée, son doux époux s’engage avec le club de Vallecas où il se sédentarise.

À la tête du Rayo Vallecano, il trouve un club sans un sou, mais prêt à lui offrir une confiance aveugle. Son projet est clair, net, précis : priorité au jeu, coûte que coûte. Comme il se plaît à le répéter, « la seule satisfaction de la défaite est de l’avoir reçue tout en ayant essayé d’aller chercher la victoire » . Une maxime qui offre aux spectateurs du vétuste Estadio de Vallecas une palanquée de scores fleuves depuis bientôt deux ans et demi. Qu’importe, au Rayo et chez ses sympathisants, la manière est tout aussi importante que le résultat. Voire plus. Fait de prises de risques – parfois inconsidérées –, de mouvements, de pressing, le jeu du Rayo ressemble pour beaucoup à celui du Barça. Normal, Pep Guardiola est l’un de ses grands amis. Un ami qui l’a « converti au golf et qui triomphe dans le football comme personne » . Jusqu’au-boutiste comme son ami catalan, Paco et sa grande gouaille sont prêts à mourir pour leurs idées. « Jusqu’à ce que je sois l’entraîneur du Rayo, nous jouerons ainsi. Lorsque le club pensera que l’on peut jouer d’une autre manière, ils devront ramener un autre entraîneur » , racontait-il dans El Pais.

« Je ne considère pas Zidane comme un collègue »

Ce football, vivant et ensoleillé, plaît à tous les suiveurs de la Liga. Et à ses poulains, comme en témoigne Gaël Kakuta, fraîchement arrivé à Vallecas : « Il insiste beaucoup sur le pressing. Nous, les joueurs offensifs, on a l’obligation d’exercer un pressing haut et intense dès la perte du ballon. Dès qu’on arrive à le récupérer, il insiste beaucoup sur la conservation. On ne doit jamais être à l’arrêt, toujours en mouvement pour apporter des solutions. Avec lui, on peut changer de côté, permuter. Mais toujours avec l’idée d’être accessible pour le porteur de balle. » Au-delà de sa vision sans concession du football, Paco Jémez affiche la même franchise dans la vie. Un franc-parler, une grande gueule, dont a fait les frais Zinédine Zidane. Interrogé en pleine polémique sur les diplômes du Français, sa réponse est cinglante : « Avec tout le respect pour Zidane, je ne le considère pas comme un collègue. Quand il aura son diplôme, je le considérerai comme un collègue. » Une saillie qui a divisé, à l’image du personnage. Un personnage qui, dans sa troisième saison à la tête du Rayo, ne changera pour rien au monde de cap. Ni de coupe de cheveux.

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