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48 heures dans la gueule des Lionceaux

Par Maxime Brigand et Kevin Charnay
48 heures dans la gueule des Lionceaux

C'est un jour pour l'histoire. Le 12 mai 2007, dans la nuit de Saint-Denis, Sochaux remportait un doublé Gambardella-Coupe de France historique. Une première dans un même stade avant une fête délirante au bout des Champs-Élysées. Carnet de route entre les poils.

Le contexte


C’est la fin de la moustache. Celle du druide Guy Lacombe. Avec lui, Sochaux a touché ses sommets, porté par une génération dorée (Pedretti, Oruma, Frau, Monsoreau, Pagis, Santos). Mais il fallait que la page se déchire malgré la copie rendue entre 2002 et 2005. Pendant cette période, les Lionceaux du président Plessis ont gratté les places d’honneur en championnat (5e en 2002-03 et 2003-04, 10e en 2004-05) mais ont surtout grimpé au Stade de France deux fois, en Coupe de la Ligue. Après une saison de transition dans les bras de Dominique Bijotat, Sochaux veut se reconstruire. La mission est confiée à Alain Perrin autour d’un effectif expérimenté : Le Tallec, Pichot, Ziani, Leroy et Bréchet. « Le groupe vivait bien, vraiment bien, pose l’intendant du club, Freddy Vandekerkhove. Au mois de décembre, l’équipe était treizième de Ligue 1. » La deuxième partie de saison sera bien meilleure et Sochaux termine le printemps à la septième place avec deux petites claques, à Marseille (2-4) et à Nancy (2-5). Reste que l’important est ailleurs. C’est l’histoire d’une épopée unique, celle d’un groupe d’hommes et de gamins. Elle s’est terminée à Saint-Denis, au Stade de France, le 12 mai 2007 en finale de la Coupe de France. Freddy Vandekerkhove : « Le président Plessis est quelqu’un d’optimiste. Après la finale de 2003 contre Monaco (1-4), on avait tous la gueule au fond du trou. Lui, non. Et il nous a dit : ‘Je vous promets qu’on reviendra l’année prochaine pour la gagner’. C’est ce qu’il s’est passé, contre Nantes. Il sentait aussi qu’on pouvait faire un truc en Coupe de France. Il nous a guidé vers le haut. » On s’enfonce dans son fauteuil, on prend la télécommande et on rembobine.

Vendredi 11 mai 2007

16h, Stade de France – Après s’être entraîné la veille sur un terrain à côté de Paris, le groupe d’Alain Perrin découvre le Stade de France pour une séance sur la pelouse de Saint-Denis. Dans les tribunes, un autre groupe se masse : celui des moins de 19 ans, entraîné par Éric Hély, qui se prépare à affronter l’AJ Auxerre en finale de la Coupe Gambardella, le lendemain, à 17 heures. « Une chance unique » , raconte Hély, qui reste avec ses joueurs sur le bord du terrain. « C’était tellement grand, un truc assez immense. Les pros s’entraînaient, nous, on prenait des photos » , témoigne Yannick Konki, membre de la génération 88-89. Plessis, lui, surveille aussi ses joueurs avec le fidèle Bernard Genghini. Une moustache, encore.

Alain Perrin a décidé de récupérer tous les portables. Ils étaient tous avec moi, dans un sac plastique

18h, hôtel Mercure, près du stade de France – L’équipe se retrouve à l’hôtel Mercure de Saint-Denis. Rien n’est laissé au hasard. « En 2003, contre Monaco, on avait logé au château de Chantilly dans un immense hôtel. Comme on avait perdu, on avait décidé, par superstition, de ne plus y aller. Donc on a changé nos habitudes » , détaille Freddy Vandekerkhove. Une histoire de détails. Jérôme Leroy, 32 ans, est décontracté. « Toute la semaine, il a dégagé une atmosphère de joie, de plaisir, absolument zéro pression. C’était assez incroyable, il avait simplement la joie de foot et il le communiquait aux autres. C’était l’axe : joie, bonheur et vivre ensemble. » , complète l’entraîneur des gardiens, Aziz Bouras. Perrin, lui, est confiant.

20h, dans le salon de l’hôtel – L’ancien entraîneur marseillais veut frapper un gros coup. Il réfléchit avec son staff, discute, analyse et prend une décision : couper du monde son effectif. « Pour casser avec le quotidien » , justifie Bouras. Freddy Vandekerkhove : « Alain Perrin a décidé de récupérer tous les portables. Ils étaient tous avec moi, dans un sac plastique. » Les Lionceaux se regroupent alors dans le salon de l’hôtel, discutent pour échapper à la pression. On est encore dans l’ancienne génération, celle des cartes et du billard. « C’était la première fois que le staff prenait ce genre de mesure » , explique Mickaël Isabey. Le café est serré.

22h30, opération Pimprenelle et Nicolas – Le groupe s’éternise un peu au bar. Rien de fou, mais des échanges, toujours. Philippe Brunel continue de chambrer avec des  »Allez l’OM ». « On avait une pression, surtout de jouer l’OM qui avait une super équipe. On était dans la peau de l’outsider, on n’était pas les favoris mais on avait une forme de confiance en nous. » , détaille Vandekerkhove.(…)Pendant ce temps-là, le président Jean-Claude Plessis emmène les femmes des joueurs « à un spectacle burlesque pour l’ouverture du nouveau Bobino, à Paris. Je les avais récupérées à l’hôtel. » De retour dans sa chambre, il affirme être « confiant. Dans un club, tout le monde doit être persuadé que l’équipe va gagner. J’étais sûr qu’on avait une chance. Perrin était mystérieux sur sa composition d’équipe. Mais Loulou Nicollin m’avait dit quelques semaines plus tôt que, cette année, c’était pour nous. »

Samedi 12 mai 2007

06h, sur un parking, à Montbéliard – La Franche-Comté est en fête. Dans les rues, toutes les vitrines sont décorées, des affiches annonçant le grand jour sont placardées un peu partout, le rond-point près du stade Bonal est aux couleurs du club. Une vingtaine de bus de supporters se prépare, menée par Jean-François Bonnet, président du Supporter-Club du FCSM. Direction Paris alors que quatre TGV sont également prévus dans la journée. « On était partis pour six heures de trajet, on était déjà à bloc. On voulait arriver très tôt pour la préparation du tifo » , raconte-t-il. Plessis : « Quand on déplace 35 000 personnes de Franche-Comté pour la troisième fois en quatre ans, c’est fort. C’était du jamais vu. L’ambiance était extraordinaire. » En même temps, la sucrerie promise est belle : aucune équipe dans l’histoire du foot français n’a réalisé le doublé CDF-Gambardella dans un même stade. Pour un doublé pur, seul Saint-Étienne l’a inscrit sur son CV, en 1970.

10h, sur un terrain d’entraînement à Paris – Le groupe se réveille, tranquillement, et se retrouve ensuite sur un petit terrain à côté de l’hôtel. « C’est juste un petit réveil musculaire, mais en réalité on ne fait pas grand-chose » , s’amuse Philippe Brunel. Tout autour, il y a déjà du monde, des supporters de Sochaux et des gamins du club qui ont fait le déplacement. Les premiers encouragements font du bien dans les têtes sochaliennes. « Il y avait une grosse euphorie. On sentait toute une ville et une région derrière nous. On sentait un réel engouement » , explique l’intendant, Freddy Vandekerkhove, qui parle « d’une petite bulle » . Après l’entraînement, c’est l’heure de la balade. Seul la caméra du web-master de l’époque est autorisée à suivre le groupe pro. Le programme est identique pour les jeunes alors que Yannick Konki parle « d’une nuit difficile. Je peinais à évacuer la pression. »

12h, hôtel Mercure – C’est l’heure du casse-dalle. L’ambiance est détendue. La matinée s’est achevée sur une séance vidéo autour des matchs d’un OM qui « avait la grosse équipe » . On parle des duels aériens, surtout. Après le repas, Alain Perrin prend son groupe. L’accent est mis sur le côté aventure humaine. Freddy Vandekerkhove évoque « une causerie à la Klopp. Il avait tenu un discours fort en insistant sur l’émotion. Son idée était d’expliquer que les gars devaient se souvenir de ce match toute leur vie. Il fallait qu’ils soient fiers de pouvoir en parler à leurs enfants. C’était une finale, il ne voulait pas laisser de place aux regrets. Marseille, ou pas. » De son côté, Jean-François Bonnet affûte son tifo avec ses hommes.

Après la victoire des jeunes, on s’est dits qu’on voulait la même chose : une victoire aux tirs au but

16h, Saint-Denis – La vague jaune prépare ses armes. Dans les travées du Stade de France, quelque 10 000 supporters sont déjà installés. Les gamins, eux, s’échauffent. Marvin Martin, capitaine des moins de 19 ans sochaliens, déconne avec ses partenaires, tente de détendre le groupe. Mais la pression est réelle. Éric Hély a « confiance en ses gars » après un gros parcours. « On était une vraie bande de potes, c’était notre force » , tranche Konki.(…)Freddy Vandekerkhove vient d’arriver au stade pour installer les maillots, gérer les accréditations et tout mettre en place. Dans le couloir du stade de France, l’intendant croise ses homologues marseillais : « Ils étaient cinq ou six, mois j’étais tout seul. Ils sont venus me saluer dans le vestiaire en me disant : ‘Franchement, Freddy, c’est déjà bien d’être arrivé là, l’essentiel c’est de participer.’ Je me suis dit qu’ils étaient sûrs d’eux. »

18h, Saint-Denis – Sur le terrain, les jeunes de Hély reviennent sur la pelouse. Au tableau d’affichage, son groupe galère et est mené 0-1 par l’AJA. Dans le vestiaire, Yannick Konki raconte : « Je n’arrivais pas à me lâcher. Mon père était venu au stade, ma mère restée dans le sud. Le coach m’a dit de me libérer mais c’était vraiment difficile. » Les pros, eux, viennent d’arriver au stade et s’installent pour regarder la fin du match des 19 ans. « On était focus sur notre match, on ne pensait qu’à l’OM. On était gonflés à bloc. Les jeunes de la Gambardella, eux, étaient encore en train de jouer. On a vu la séance de tirs au but. La victoire était là, c’était de bon augure. » , raconte Brunel. Car le scénario a tourné et, au terme d’une prolongation serrée (2-2), les gamins de Sochaux soulèvent le premier trophée de la soirée. Konki : « Quand Jasse rate pour Auxerre, je sais que c’est bon. Matthieu Dreyer nous a racontés après qu’il avait reçu une indication sur le tireur. » Plessis, serré dans sa chemise porte-bonheur, savoure : « On se dit qu’on a fait la moitié du chemin. C’était un rêve de président. Je voulais absolument qu’on gagne une Gambardella sous mon mandat. »

20h, devant le vestiaire de Sochaux – C’est l’heure des choix. Alain Perrin, costumé, a souhaité garder tout le monde sous pression jusqu’au dernier moment à une époque où le nombre de remplaçants en Coupe de France est réduit par rapport au championnat. « Il se la joue videur, on peut dire ça. Je suis le dernier à m’approcher de lui et quand je vois les mecs laissés sur le côté, je sens que je vais en faire partie. Et ça n’a pas loupé. Il me dit un truc, mais je ne me souviens même plus tant je suis sous le choc. C’est un rêve de gosse qui se brise. En 1988, j’avais fait ramasseur de balle pour la finale de Sochaux contre Metz. Depuis ce moment-là, je rêvais de jouer en finale de Coupe de France. Il ne m’a jamais donné d’explications » , claque Isabey. L’entraîneur des gardiens, Aziz Bouras, se souvient : « C’était très, très, difficile. Mika, c’est un joueur qui a beaucoup compté pour nous. C’était dur de le voir pleurer, dur de ne pas le voir dans le groupe. C’était un choix sportif. » Philippe Brunel, lui, est surpris, mais dans le bon sens. « Je n’avais pas pris part à la campagne de la Coupe de France, puisque je n’avais joué qu’en 32e de finale contre Lyon-La Duchère. Je m’étais blessé au ménisque pendant la saison, je n’avais que trois ou quatre matchs de reprise dans les jambes » . Les joueurs ont un peu moins d’une heure pour se mettre en jambes, et commencent à jongler et à toucher la balle dans les vestiaires. Christophe Galtier, alors adjoint, et Perrin prennent chaque joueur pour leur expliquer ce qu’ils attendent.

20h15, à l’échauffement – Aziz Bouras entre sur la pelouse avec son gardien titulaire, Teddy Richert : « L’avantage de travailler avec un joueur comme Teddy, c’est qu’il a un gros mental. Il n’y avait pas besoin d’imaginer un scénario, il fallait simplement axer sur la notion de plaisir. On a beau regarder des vidéos, lui, il marche dans l’instant. Il vit le truc sur le moment. Il avait fait comme ça déjà en 2004 contre Nantes. Il fallait transformer l’émotionnel en positif. L’émotion, soit elle te fracasse, soit elle te sublime. Lorsqu’on entre sur le terrain avec Teddy, on ne se dit qu’une chose : savourer. C’était très fort. » Isabey, lui, s’installe en tribunes après avoir fêté la victoire avec les jeunes. Plessis, de son côté, craque son cigare habituel. Histoire de décompresser. Les Cigares du pharaon. Jean-François Bonnet, lui, est direct : « Après la victoire des jeunes, on s’est dits qu’on voulait la même chose : une victoire aux tirs au but. »

22h45, sur le bord de la pelouse – Éric Poulat vient de retirer le sifflet de son bec. Moumouni Dagano a répondu à Djibril Cissé. Deux coups de casque, un truc prévu par Alain Perrin. Un score nul insuffisant pour départager les deux équipes. La raison est pour Marseille, le cœur pour Sochaux. « On avait la cote avec les spectateurs qui n’étaient pas supporters, ils se sont rapidement ralliés à notre cause, on attirait la sympathie, il faut croire » , se rappelle Jean-François Bonnet. Jean-Claude Plessis, quant à lui, y croit aussi dur comme fer : « On souffre même si l’on ne court pas hein ! » Philippe Brunel fait son entrée en jeu en cours de prolongations, et est persuadé d’une chose : qu’il va gagner.

23h30, sur le bord de la pelouse, again – Trente minutes se sont écoulées. Le Tallec, le supersub, a répondu à Cissé. Les Marseillais sont touchés moralement, pendant que les Sochaliens continuent de monter en puissance. La décision se fera aux tirs au but, comme pour les moins de 19 ans. Mais avec une pression tout autre. Un homme va devoir faire la différence, c’est Teddy Richert. « Connaissant mon Teddy, je me disais qu’aux penaltys, tout pouvait arriver. J’avais juste dit à un joueur en particulier : ‘La clé, ce sera, en cas, de marquer tous vos penaltys. Après, Teddy en sortira forcément un ou deux’. Il avait un gros mental » , assure Aziz Bouras. C’est d’ailleurs l’heure de désigner ceux qui doivent marquer. « Perrin et Galtier demandent qui veut tirer. Toux ceux qui avaient l’habitude de les tirer prennent leurs responsabilités. Leroy, Ziani, Birsa et Le Tallec. Il en manque un cinquième et je me porte volontaire. Jérémie Bréchet aussi. Il y une incompréhension car jusqu’au dernier moment je crois que je vais devoir tirer le cinquième. Et puis, quand Perrin récapitule, il annonce Bréchet en cinq et moi en six. Je me dis ‘ok, ça se trouve je n’aurais même pas besoin de tirer’ » . Mais après un loupé de Bréchet, il devra bien le tirer, son tir au but. Et la mettre au fond.

23h45, entre les gants de Richert et la main de Chirac – Cette fois, Plessis peut préparer ses affaires de rechange. Zubar vient d’échouer devant le calme du grand Teddy après la transformation de Brunel. « Oui, ça a été long, très long. Intérieurement, c’est dur. Pour un club comme le notre, qui n’est pas habitué, émotionnellement, c’est fort. On se tenait tous par le bras. C’est quelque chose qui ne se raconte pas, ça se vit. Et la remise de la coupe, avec Chirac. C’est son dernier mandat, sa dernière sortie officielle. Il finissait son aventure là-dessus, ça fait quelque chose. Et en face, c’était l’OM. » , conte Freddy Vandekerkhove. La scène dure longtemps. « On est restés pendant une heure dans le stade après le coup de sifflet final. Tous les joueurs sont venus nous remercier mais les Marseillais ont quitté le stade très rapidement. Ils ne sont pas restés pour la remise de la coupe. » , lâche, amer, Bonnet. Isabey, lui, se sent quand même « champion » mais parle de la douleur de voir ses partenaires soulever le trophée sans lui. Dans les couloirs, Jean-Claude Plessis croise Robert Louis-Dreyfus au bord des larmes. Freddy, l’intendant, file, lui, narguer ses alter-egos marseillais. Normal. Brunel : « On se dit que c’est quand même un bon début de soirée car, là, c’est la folie. »

Dimanche 13 mai 2007

00h, sur la table d’un vestiaire – Dans les vestiaires, c’est la classique : bain, champagne, et le président jeté dans le tas. « Heureusement, j’avais pris du rechange » , confie Jean-Claude Plessis dans un sourire. Les plus euphoriques ne cessent de chanter et hurler, tandis que ceux qui arrivent déjà à prendre un peu de recul se remémorent les galères contre Lyon-La Duchère en 32e et contre Montceau-les-Mines en demi. Les jeunes de la Gambardella les rejoignent pour faire la fête avec eux. Yannick Konki et ses potes prennent des photos avec le trophée. « J’avais mes deux capitaines, Jérémie Bréchet et Marvin Martin, qui étaient en communion autour de moi, c’était extraordinaire. J’avais deux coupes à ramener dans le vestiaire » , explique Plessis. L’apothéose. Un moment de pure joie. Éric Hély : « Je me suis marié, j’ai eu des enfants mais c’est certainement le plus beau jour de ma vie. »

02h, Dans le carré VIP du Duplex – Alors que les supporters se sont réunis sur l’aire de repos Troyes-le-Plessis pour faire la fête – « c’était fou, plus personne ne savait dans quel bus il était » – les gamins et les vieux prennent la direction des Champs-Élysées : « une fête violente où les gens pleuraient, hurlaient, et où on oublie tous les mauvais moments » selon Plessis. On y croise quelques VIP : Cécile de Ménibus, PAF et Pedretti. Freddy Vandekerkhove : « On avait déjà fait ça en 2004. La boîte était que pour nous avec les jeunes. On buvait le champagne dans les coupes. Les petits ont pu rester jusqu’à 03h. Les pros, c’était libre. On n’a pas dormi de la nuit. » Konki, lui, se rappelle avoir pu parler avec les pros. Une chance unique grâce aux effluves.

La communion à Bonal était grandiose, le club avait monté une petite tribune, il faisait beau, il y avait du monde, c’était parfait

Au petit matin, sur les Champs – La soirée se termine tranquillement au Duplex. Il est l’heure de rentrer à l’hôtel. Mais la fête est tellement grande que certain en oublie presque le pourquoi. « Tout le monde avait oublié la coupe. Je suis un bon vivant, donc je finis souvent en dernier les soirées. Donc j’ai ramené la coupe du Duplex au Méridien, sur les Champs, titubant, les gens nous demandaient si c’était la vraie » , dévoile l’intendant Freddy. Pendant ce temps-là, vers sept ou huit heures du matin, Jean-François Bonnet et les autres supporters sochaliens arrivent à peine en Franche-Comté. Jean-Claude Plessis, lui, se prépare à faire toutes les télés dans quelques heures. « La presse avait prévu des reportages pour le retour à Marseille, mais pas grand-chose pour le retour à Sochaux. Alors j’ai dû me prêter au jeu, dans l’urgence de la surprise. » .

11h, sur le tarmac du Bourget – Les champions ont les traits tirés. Après une nuit de folie dans la capitale, c’est l’heure de rentrer à la maison. « Je tairais les noms, mais certains mecs ont failli rater l’avion (rires) » , balance Philippe Brunel. Mais pour une fois, la gueule de bois est agréable. Jean-Claude Plessis est parti un peu plus tôt pour pouvoir les accueillir à leur arrivée. Et le président du club ne sera pas le seul à être au rendez-vous.

12h-16h, Sochaux – Pour accueillir les joueurs, ils sont plus de 5 000 à l’aérodrome. Les vainqueurs de la Coupe de France investissent alors un bus à impériale pour une tournée dans toute l’agglomération. Tout le monde embarque, même les enfants des joueurs et du personnel du club. « On avait quand même prévu le coup » , se félicite Jean-Claude Plessis. Le bus fend la foule jusqu’au stade Bonal, où ils sont 35 000 cette fois-ci. Et là, c’est le bouquet final. Un groupe de musique rythme les applaudissements et les acclamations des supporters. « La communion à Bonal était grandiose, le club avait monté une petite tribune, il faisait beau, il y avait du monde, c’était parfait » , s’émeut Aziz Bouras, l’entraîneur des gardiens. Les supporters ont même la délicatesse d’adresser une pensée à Mickaël Isabey, qui est encore très touché par sa mise au ban. « Que ce soit à l’aérodrome ou au stade, ils n’ont eu de cesse de scander mon nom, c’était superbe. Ils m’ont redonné de la joie » , se rappelle-t-il. « C’était le chouchou des supporters, un régional, un franc-comtois, avec un état d’esprit irréprochable, toujours très fidèle. Il le méritait » , assure Jean-François Bonnet. Ça y est, Jean-Claude Plessis tient lui sa Coupe de France. « À ce moment-là, je me suis dit qu’il fallait vite que je passe la main à un autre. Je ne pouvais pas faire mieux. La Coupe d’Europe, ça aurait été difficile » . Jean-Claude Plaisir.

Par Maxime Brigand et Kevin Charnay

Tous propos recueillis par MB et KC.

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